2022 : la post-démocratie en marche

élections municipales

Ils sont donc trois candidats qui cumulent environ 40 % des intentions de vote et qui ne parviennent pas à obtenir les parrainages nécessaires pour se présenter à l’élection présidentielle. Éric Zemmour, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ne savent plus à quel dignitaire se vouer : président de la République, président de l’Association des maires de France, élus. Sans obtenir, à ce stade, autre chose que des dérobades ou des sarcasmes. Anne Hidalgo, qui tourne autour de 3 % d’intentions de vote, a brillé une fois de plus par son esprit d’ouverture en déclarant à propos des candidats en difficulté que s’ils n’obtenaient pas leurs 500 parrainages, c'est qu'ils ne méritaient pas de participer à la présidentielle.
Ajoutons à cette situation :
- des maires qui voudraient bien parrainer mais qui vivent dans la peur de représailles électorales, financières mais aussi physiques, au vu du nombre d'agressions que subissent désormais les élus ;
- des partis politiques liés aux mêmes candidats dits « populistes », auxquels les banques refusent des prêts bancaires et qui ne peuvent financer leurs campagnes ;
- une remise en cause permanente de la liberté d'opinion avec un espace médiatique toujours plus soumis à la censure et à la dictature de la pensée unique.

Voilà l'état de notre « démocratie » à quelques mois des élections présidentielles. De graves dysfonctionnements qui s'inscrivent dans le cadre plus large d'une dérive oligarchique de notre système politique. Ce que les médias ont coutume de nommer pudiquement une « crise de la représentation ».

La dernière élection présidentielle de 2017 en est un cas d'école : plus d’un quart des inscrits ne sont pas allés voter au second tour (taux d’abstention le plus élevé depuis 1969). Emmanuel Macron a été finalement élu par seulement 43,6 % des électeurs inscrits. Un choix qui s’est révélé être par défaut pour 43 % de ses électeurs, selon un sondage Ipsos/Sopra Steria. Et, pour couronner le tout, 61 % des sondés, selon le même sondage, ne souhaitaient pas lui donner une majorité absolue à l'Assemblée nationale lors des élections législatives de juin 2017.

Désaffection qui se cumule avec le phénomène de l’abstention massive qui n’en finit plus de battre des records : 65,7 % d’abstention pour les régionales de juin 2021 et 58,4 % pour les municipales de juin 2020.

Ce ne sont pourtant pas les analyses en forme d’avertissements qui manquent : en avril 2020, l’institut Ipsos constatait « une crise de la représentation politique plus forte que jamais », avec 85 % des Français qui estimaient que les élites politiques, économiques ou encore médiatiques « ont des intérêts fondamentalement différents de ceux de la grande majorité de la population ».

Ce n’est plus une « fracture » mais une secessio plebis. Nos élites en tiennent-elles le moindre compte ?

Interrogé, mardi dernier, sur une éventuelle réforme du système de parrainage, Gérald Darmanin déclarait : on « ne change pas les règles du jeu à quelques jours du match ». Et, effectivement, pourquoi changer les règles du jeu quand on sait que les dés sont pipés ? Bienvenue en post-démocratie.

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Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

35 commentaires

  1. je continue mon commentaire précédent : pourquoi pas une loi sur l’obligation pour les députés de siéger à l’Assemblée nationale, et contrôler leur présence ? Et diminuer leur salaire en proportion de leur absence ? Et pas de « passe-droit » ! Tous ces gens là se moquent du peuple et de la démocratie. Cela est dangereux, et il ne faut pas s’étonner que la rue finisse par être le seul lieu d’expression populaire, ce qui pourrait mal finir !

  2. Quelqu’un s’est-il penché sur l’absence chronique de la majorité des députés lors des débats importants à l’assemblée nationale? Quand on se rend sur le site , spécialement pour le vote de la loi »bio-éthique » ou pour la prolongation du délai d’avortement, ou pour le passe « sanitaire » … on est surtout frappé par le nombre de fauteuils vides. Ou donc sont passés ces gens, censés représenter le peuple et payés par le peuple ? Alors, pourquoi se déplacer pour élire des députés ?

  3. Gérald Darmanin ferait bien de se taire « on ne change pas les règles du jeu à quelques jours du match » Le gouvernement n’arête pas de les changer à quelques heures du match. Oui mais seulement quand ça l’arrange.

  4. Si les candidats n’ont pas tous le droit de se présenter ,nous n’irons pas voter pour la première fois de notre vie ..pas question de voter blanc ..bravo aux maires très courageux ..ces derniers n’ont ils donc aucune idée politique .c’est grave .que le gouvernement actuel ne nous fasse pas d’entourloupes ni de magouilles ..sinon gare à eux je le crains …et le virus cela ne MARCHE plus .seul le mot emmerder est toujours de rigueur ..

  5. Voyons, NOUS NE SOMMES PLUS EN DEMOCRATIE depuis officiellement le 4 février 2008 avec le vote du traité de Lisbonne contre le référendum de 2005.
    Le pouvoir est celui d’une NOMENKLATURA encore qualifiée ELITE ce qui semble inapproprié…
    Les aspects externes de la démocratie sont conservés, mais tout est pollué.
    On le constate avec le prétendu front républicain qui exclue nombre de français de représentation !
    On le constate avec l’affaire des 500 signatures…

  6. Si l’on tient compte de l’abstention, des votes blancs ou nuls et du score de Marine Le Pen, Macron aura été élu (volé l’élection serait plus juste) avec 26% du corps électoral. Faites vous même le décompte, vous verrez, c’est effarant.
    Le drame c’est qu’il est en train de préparer sa réélection de la même manière, en divisant le peuple.

  7. Je n’ai jamais manifesté. Là je pense que le couvercle de la boîte de Pandore n’est Plus verrouillé. Parler la bouche en cœur de démocratie et agir de la sorte peut générer une réaction plus violente et sournoise que les GJ

  8. Peut-être suis-je trop optimiste, mais certainement pas naïf. Mais je pense que Darmanin et le C. constitutionel vont rendre les parainnages secrets. Double objectif: « Macron est un grand démocrate » et surtout, lui assurer d’être présent au 2ème tour en emiettant les voix pour Pecresse, MLP et Z.Par ailleurs, n’oublions pas que parmi ces 4 candidats, il est le seul sur qui des voix de gauche pourront se reporter.

  9. Si des candidats ne peuvent se présenter faute de parrainages, le nouveau gouvernement sera illégitime , le peuple grondera , souvenons nous de la Roumanie……
    Qui sème le vent récolte la tempête

    • Le peuple gronde mais au bout de cinq minutes ,il est aphone.
      Finalement on met en pratique le mot faux ou vrai de Marie-Antoinette « ils n’ont pas de pain, donnons- leur de la brioche. » Ils veulent des lits dans les hôpitaux ,ils auront des places dans les cinémas « et ça marche.

  10. dans ce cas , pourquoi ne pas demander a HIDALGO ou MACRON ,ou quelqu’un de « politiquement correct  » adoubé par la gauche bien pensante de décider qui sera président ??? Plus la peine de faire des élections , si quelques bien pensants « homologués »peuvent dire qui doit ou pas se présenter…On fait de l’entre-soi… comme le sketch de Dupontel : toi tu rentres , toi ,tu rentres pas …. ou alors , demandons a Macron de désigner seul son successeur.. et arrêtons de dire que l’on est en démocratie

  11. Si ZEMMOUR, MLP, MELENCHON, PHILIPPOT, DUPONT-AIGNANT, et ASSELINEAU ne peuvent se présenter alors nous pourrons considérer cette élection comme illégitime, et PECRON ou MACRESSE comme des dictateurs et leur élection comme un coup d’état. Cordialement.

  12. Il faut ajouter à cela l’absence de contre-pouvoirs avec un conseil constitutionnel, un conseil d’état aux ordres, une assemblée de godillots dans laquelle le mode de scrutin fait qu’une large fraction des électeurs n’est pas représentée, des médias publics qui relaient la propagande d’état et ostracisent les courants de pensée non conformes, des groupuscules ou officines jouant les idiots utiles du pouvoir … la France n’est plus qu’une démocratie de papier.

    • Et des corps intermédiaires de la société civile (syndicats, presse, Ordres etc…) arraisonnés à coups de subventions sans compter les « réseaux ».
      La révolte des syndicats de l’EN est actuellement significative…

  13. Tous ceux qui ont intérêt au statut quo actuel imaginent-ils les conséquences que pourraient avoir une telle confiscation des élections ? Pensent-ils que les français vont se laisser aussi facilement voler sans réagir? Pourraient-ils imaginer que les gilets jaunes n’étaient qu’une aimable répétition ? Se rendent-ils comptent que la révolte gronde?

    • Pensent-ils que les français vont se laisser aussi facilement voler sans réagir?
      -La réponse est OUI, par la peur, l’écoeurement, les besoins financiers….

    • Non, je ne pense pas qu’ils s’en rendent compte, ils croient maîtriser entièrement la situation. Après tout, ils nous méprisent, nous prennent pour des moutons prêt pour l’abattoir, bref que tout continuera comme avant. Ils ne se doutent pas que les moutons peuvent aussi devenir enragés. Cordialement.

  14. J´ai beaucoup de respect pour cette droite nationale maltraitée, méprisée par les medias d´Etat pourtant financés aussi par les impots des électeurs du RN et de Zemmour, cette droite nationale qui représente 30% des francais mais a laquelle les magouilles électorales ne laissent que quelques strapontins a l´assemblée nationale pourtant censée représenter la Nation.
    Oui j´ai beaucoup de respect pour cette Droite victime de la haine de ces „bien-pensants“

  15. Une élection sans , MLP ,Zemmour ou Mélanchon , c’est totalement absurde, mais depuis que Macron est au pouvoir , ne vivons nous pas en « absurdie « ??. Je pense que oui , il suffit de voir les mesures prises par le gouvernement depuis la crise Covid !

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