226.962 électeurs radiés des listes électorales sans motif ! Pas plus que d’habitude, assure l’INSEE…

À la condition de ne pas habiter dans une zone blanche ou mal connectée, le Français doit se glorifier de vivre dans la start-up nation. Un pays idyllique où il voit sa vie simplifiée par le miracle des réseaux, tout ce qui régit sa vie administrative passant désormais par l’Internet : déclarations fiscales, Sécurité sociale, allocations diverses, chômage, rendez-vous médicaux… c’est un miracle quotidien. En principe.

En principe, parce qu’il en va souvent tout autrement : les tracasseries d’hier couchées sur papier semblent d’aimables plaisanteries en comparaison des galères d’aujourd’hui, algorithmiques celles-là.

Ainsi, dans la France du plein emploi vantée par Macron, on peut galérer de longs mois dans le labyrinthe de l’URSSAF pour avoir seulement déménagé son auto-entreprise. On peut pleurer de rage devant un algorithme qui refuse de vous reconnaître au prétexte que vous avez changé de mèl ou se retrouver avec une amende parce que, désormais, les services fiscaux ne vous avisent plus d’une taxe à payer (par exemple la CFE) : il faut aller soi-même chercher l’information sur un compte personnel… Etc.

L’informatisation de nos vies n’a rien réglé. Elle n’a fait que déshumaniser notre quotidien en multipliant des problèmes que personne ne semble plus pouvoir résoudre. Et rien n’échappe à ses ravages, jusqu’au vote des braves citoyens qui croient encore utile de se déplacer jusqu’aux urnes.

On apprend ainsi, par Le Parisien de ce lundi de Pâques, que « 226.962 électeurs ont été radiés des listes électorales au motif d’une “perte d’attache communale” ». À tort, bien sûr, sans quoi nous n’en ferions pas mention. Ce serait, nous dit-on, « une conséquence de l’automatisation de la mise à jour des listes électorales mais aussi de bugs des logiciels permettant leur fonctionnement ».

Ah, les bugs… On se souvient de ceux du fameux logiciel LOUVOIS, le « logiciel unique à vocation interarmées de la solde » (déjà, rien que le nom est un bug en soi) qui a mis l’armée à terre, il y a quelques années. Et donc, dans le même esprit, les communes sont priées de se doter d’un logiciel (en général CIRIL) qui va gérer pour elles les mouvements des citoyens, venant ainsi abonder le « répertoire électoral unique » (REU), soit le fichier national instauré en 2019 pour se substituer aux 35.000 listes gérées par les communes, cela, pour éviter les risques de doublons. Mais voilà, ledit logiciel semble n’en faire qu’à sa tête. Ou à la tête des administrés… qui, en nombre stupéfiant dans certaines communes, se trouvent radiés des listes électorales sans aucun motif.

Le chiffre de 226.962 électeurs radiés sans motif est communiqué par l’INSEE. On ne peut faire plus officiel. Les radiations se concentrent essentiellement sur « Alfortville, mais aussi Creil, Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) et Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) en Île-de-France, ainsi que Marseille (Bouches-du-Rhône), Lille (Nord) ou Strasbourg (Bas-Rhin) ». Soit, nous dit-on, « une diversité territoriale qui bat en brèche toute tentation complotiste d’envisager des radiations appliquées en fonction du bord politique ». Admettons. On notera néanmoins qu’il s’agit aussi de régions où le vote Le Pen a été important.

Des milliers d’électeurs se sont donc retrouvés éjectés des bureaux de vote au motif – erroné – qu’ils auraient quitté leur commune, avec pour seul recours de se rendre au tribunal afin de faire reconnaître leur bon droit. Quelques-uns, parce qu’ils avaient été plus matinaux ou plus chanceux, ont pu retourner voter avant la fin du scrutin, mais la plupart peuvent seulement espérer parvenir à voter au second tour.

Côté INSEE, c’est circulez, y a rien à voir : « Il n’y a pas eu plus de radiations entre les régionales et la présidentielle qu’il y en avait eu entre les municipales et les régionales. C’est juste que plus d’électeurs s’en rendent compte (sic), car il y a moins d’abstention à la présidentielle. »

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

37 commentaires

  1. L’ informatique domine et pourtant le nombre de fonctionnaires augmente plus les communes, régions et autres s’ équipent en PC plus on emploi de fonctionnaires et moins les services d’ état se montrent compétant.

  2. Situation analogue à celle de la BiéloRussie de M. Loukatchenko, un démocrate très respecté en … Russie !

  3. Je suis mauvaise langue mais quelque chose me dit que la plupart de ces ex-électeurs sont supposés anti-macron…..

  4. Mais tout va bien, les détenus dans les prisons ont bien pu voter, eux. Les gilets jaunes et autres électeurs Zemmour/ Le Pen – ca c’est pas important…

  5. Je m’étonne que pour ces affaires importantes de démocratie, on fasse autant confiance aux ordinateurs. On s’embête à trouver des assesseurs dans chaque bureau de vote pour vérifier le comptage des voix mais AUCUN contrôle au ministère de l’Intérieur pour le regroupement des résultats. Il doit être facile de faire passer en douce des voix de petits candidats (qui n’ont aucune chance et donc sont moins attentifs) sur le candidat préféré du « deep state ».

  6. Depuis quelques années, les logiciels SCYTL sont utilisés par les Ministères français de l’Intérieur et des Affaires étrangères.
    Un rapport de cause à effet ?

  7. à l’étranger 120 km pour aller voter ou vote par procuration mais pour la procuration 500 km aller et retour pour se présenter devant un fonctionnaire consulaire. Une manière pour nous empêcher de voter MLP perdra une voix grâce aux reformes Sarkozy , Hollande et Macron ajoutez qui vous voulez et vous aurez la bande des Dalton.

  8. « le fichier national instauré en 2019 pour se substituer aux 35.000 listes gérées par les communes, cela, pour éviter les risques de doublons. » La porte grand ouverte à Mac Kinsey. « Ce ne sont pas les votants qui importent, mais ceux qui dépouillent » Staline.

  9. Après 35 ans d’informatique hospitalière, j’ai plus tendance à relativiser que de penser complot. Environ 227000 votes potentiels c’est 0.5% des inscrits, pas de quoi changer la face du monde au premier tour. Il n’empêche que, depuis que la réforme a été faite, on avait le temps de contrôler mieux! On pointe toujours du doigt « l’informatique » mais les décisionnaires et organisateurs sont largement responsables.

  10. Une pléthore de hauts fonctionnaires grassement payés, des cabinets Mckinsey et cie encore plus grassement payés : tout ça pour ça ? La preuve que tous « ces collaborateurs » ne seraient pas payer pour effectuer une mission de service public mais sont plutôt au service de candidats machiavéliques et/ou véreux ? Qu’attend donc le parquet financier pour vérifier s’il n’y a pas détournement d’argent public ?

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