30 mars 1707 : le dernier souffle de Vauban, symbole du génie militaire français

Sébastien Le Prestre de Vauban, maréchal de France et génial architecte, incarne à lui seul une grande partie des réussites militaire du Grand Siècle de Louis XIV. Né en 1633, en pleine tourmente de la guerre de Trente Ans, il consacre sa vie à la gloire du royaume de France et à l’ingénierie militaire. Ce maître incontesté de la poliorcétique conçoit ainsi un réseau de forteresses imprenables formant le fameux « pré carré », une double ceinture de fer composée de redoutables citadelles destinées à protéger les frontières françaises. Ne disait-on pas, ainsi : « Toute ville assiégée par Vauban, ville prise ; toute ville défendue par Vauban, ville imprenable » ? Pourtant, derrière les prouesses de ce grand serviteur de l’État se cache un homme tourmenté, conscient des problèmes causés par les guerres ainsi que les dépenses incessantes de son souverain et dont le souci causa probablement le décès.
La Dîme royale
Les dernières années de la vie de Vauban sont marquées par une certaine amertume. En effet, bien qu’ayant accumulé les succès militaires et les honneurs, celui que Louis XIV fit maréchal de France en 1703 assiste, impuissant, à l’appauvrissement du royaume en raison des guerres prolongées et des prélèvements fiscaux qui épuisent la population. Vauban cherche alors à sauver la France à travers de multiples réformes qu’il présente dans son ouvrage, La Dîme royale, publié en 1707, dans lequel il ose prôner un changement fiscal ambitieux, éclairé et égalitaire. Il propose ainsi qu’en échange de la suppression de tous les impôts existants, chaque paysan, prêtre et noble contribue aux finances du royaume en versant 10 % de ses revenus à travers un impôt unique, faisant ainsi fi des privilèges de l’aristocratie et du clergé.
Ce livre avant-gardiste fait alors scandale, car il révèle certaines vérités sur l'état des finances du royaume, qui devaient rester parmi « les mystères de l’État », comme l’explique l’historien Joël Cornette. La cour, les ministres, mais aussi Louis XIV, refusent alors de porter une quelconque importance à l’œuvre de Vauban et, ne voulant pas en faire un débat public, laissent ses idées rester lettre morte.
La fin d’un maréchal de France
Se sentant désavoué, Vauban voit alors sa déception se répercuter sur sa santé. Telle une forteresse fragilisée par une faille dans ses murailles, notre maréchal de France ne peut empêcher l'ennemie qu'est la maladie d'assiéger son corps et de s'en emparer rapidement. Ainsi, prenant froid lors d’une promenade à Paris, il est obligé de s’aliter pour ne plus jamais se relever. À 73 ans, cet homme, alors usé par les épreuves, sait que l’heure de l’ultime bataille approche, mais comme un soldat devant mourir au champ d’honneur, il affronte la mort avec courage et dignité.
Ainsi, après avoir rendu ses derniers devoirs à Dieu, Vauban rend son dernier souffle, le 30 mars 1707. Apprenant son décès, Louis XIV est profondément peiné et déclare à Versailles : « Je perds un homme fort affectionné à ma personne et à l’État. » Sa dépouille est transportée, selon ses volontés, dans l’église bourguignonne de Bazoches, non loin de son château. Lors de la Révolution, sa sépulture est bien évidemment profanée, comme celle de nombreux autres serviteurs de la monarchie. Cependant, par miracle, son cœur échappe à la haine révolutionnaire et reste intact. Napoléon Bonaparte, reconnaissant l’importance historique de Vauban, ordonne alors son transfert sous le dôme de Saint-Louis des Invalides afin de rappeler à jamais au peuple français les œuvres militaires que Vauban a accomplies pour la gloire de la France
Les legs de Vauban
Néanmoins, la disparition de Vauban ne marque pas la fin de son œuvre ni de sa renommée. Ses nombreuses fortifications continuent ainsi, après son départ, à protéger la France lors de maints conflits. En 2008, douze de ses citadelles, dont celle d’Arras, de Briançon ou encore de Saint-Martin-de-Ré, sont classées au patrimoine mondial de l’UNESCO, témoignant ainsi de l’ingéniosité de Vauban et de l’impact durable de son œuvre auprès du monde entier. Sur le plan intellectuel et philosophique, ses écrits sur la nécessité d’une justice sociale et fiscale en feront également un précurseur du mouvement des Lumières.
Ainsi, le nom de Vauban, inscrit au Panthéon des grandes figures de notre Histoire de France, demeure un symbole d’excellence. Par son génie, son courage et sa clairvoyance, il laisse à la postérité l’image éternelle d’un serviteur de l’État dévoué à la grandeur et au bien commun.

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7 commentaires
bravo Vauban où sont les
grands genies de notre -temps
pour informer notre President
Vauban, saint patron du Génie militaire.
Je me suis parfois demandé quelle pourrait être la somme d’argent engloutie par toutes les fortifications en tous genres qui se trouvent ci et là dans le monde.
Et dire que toutes ces fortifications sont faites en pierre de taille ! Un travail titanesque !
Aux Editions Champ Vallon, vous pourrez trouver « Les oisivetés de Monsieur de Vauban », lien : SÉBASTIEN LE PRESTRE DE VAUBAN Les Oisivetés de Monsieur de Vauban – Réédition de 2022 – Champ Vallon
Merci très intéressant
Vauban « .. affronte la mort avec courage et dignité.. » comme tous les nobles, petits et grands, au temps des rois, y compris pendant la révolution de 89. La seule exception fut l’adorable Madame du Barry, mais elle n’était pas ‘née’, donc pas tenue à l’héroïsme devant la ‘grande faucheuse’.