30 septembre 1938 : les accords de Munich entre guerre et paix
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Le 30 septembre 1938, il y a 80 ans, les accords de Munich règlent le problème des Sudètes, scellent le sort de la Tchécoslovaquie, maintiennent une paix fragile et surtout, à la faveur de ce magnifique jeu de dupes, engagent l’Europe et le monde sur la voie de la guerre.
Quatre grandes puissances signent cet accord qui deviendra « maudit » sous la plume de certains commentateurs et historiens : d’un côté l’Allemagne hitlérienne et l’Italie mussolinienne ; de l’autre la France représentée par le président du Conseil, Édouard Daladier (1884-1970) et la Grande-Bretagne du Premier ministre Neville Chamberlain (1869-1940). Fort curieusement, Edvard Beneš (1884-1948), président de la République de Tchécoslovaquie directement concerné par cet accord, n’est pas à la table des négociations. Il démissionne le 5 octobre suivant.
Les Sudètes, minorité allemande de la Tchécoslovaquie, pays créé de toutes pièces par les traités de Versailles et de Saint-Germain-en-Laye, réclament leur rattachement à l’Autriche, annexée en mars 1938 par Adolf Hitler. Au fil des semaines, la crise s’intensifie. Hitler défend les Sudètes en invoquant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il annonce clairement ses intentions d’annexer cette région le 1er octobre 1938 si on ne parvient pas à un accord. Or, envahir la région sudète, c’est envahir la Tchécoslovaquie, alliée de la France et de la Grande-Bretagne qui pourraient déclarer la guerre à l’Allemagne. Il faut à tout prix éviter une belliqueuse escalade qui pourrait déboucher sur un bain de sang. Les quatre grandes puissances se réunissent donc à Munich le 29 septembre. Si les tractations vont bon train, la France et la Grande-Bretagne finissent par céder aux exigences allemandes et laissent tomber leur allié tchécoslovaque. Hitler a leur accord pour annexer les zones sudètes, ce qu’il ne manque pas de faire dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre.
À Paris et à Londres, c’est la liesse. Daladier et Chamberlain reviennent chez eux en triomphateurs, en sauveurs de la paix. Les journaux, dans leur quasi-totalité, titrent tous sur la paix que l’on rapporte de Munich. L’Action française et L’Humanité se démarquent : "Nous unir et nous armer", annonce en une le quotidien royaliste pour qui "si l’immédiat est sauvé, il reste demain". "L’armée hitlérienne entre aujourd’hui en Tchécoslovaquie", indique le journal communiste qui, sous la plume de Gabriel Péri, souligne que "l’on n’a pas le droit de prostituer le beau nom de paix en l’accolant à ces opérations punitives". Dans une déclaration à Radio-Paris, le président du Conseil français affirme :
« Nous revenons d’Allemagne après une négociation difficile mais avec la conviction profonde que l’accord que nous avons conclu était indispensable au maintien de la paix de l’Europe. J’ai la certitude qu’elle est aujourd’hui sauvée, grâce aux désirs de concession mutuelle et l’esprit de collaboration qui a été inspiré à Munich […]. »
Les conséquences de cet accord sont multiples. En France, les politiques se divisent entre Munichois et anti-Munichois, transcendant parfois les clivages droite-gauche. L’accord du 30 septembre enterre définitivement le Front populaire qui n’en avait plus que le nom, Daladier rompant avec les communistes. Sur un plan international, il aiguise quelques appétits, Mussolini lorgnant sur certains territoires français : la Savoie, Nice, la Corse… C’est, finalement, Winston Churchill (1874-1965) qui résume le mieux les accords du 30 septembre 1938 :
« Ils devaient choisir entre le déshonneur et la guerre. Ils ont choisi le déshonneur, et ils auront la guerre. »
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