4 janvier 1802 : l’union de H. de Beauharnais et L. Bonaparte, pour l’Empire
Notre belle Histoire de France est une épopée séculaire parsemée de récits d'amour et d'intrigues politiques. Il est même arrivé, parfois, que ces deux dimensions s'entrecroisent pour fonder certaines des destinées les plus incroyables de leur temps et de notre pays. Ainsi, le mariage d'Hortense de Beauharnais avec Louis Bonaparte, célébré le 4 janvier 1802, constitue l'une des unions les plus importantes du début du XIXe siècle. En effet, c'est sur les épaules de ce couple atypique, qui connut de nombreux différends, que reposa l'avenir de l'Empire napoléonien.
Un mariage imposé par Napoléon
Hortense de Beauharnais, fille de Joséphine et de son premier mari, Alexandre de Beauharnais, est une femme belle, cultivée et jeune appréciée à la cour. Adoptée par Napoléon après son mariage avec Joséphine, elle est destinée à servir les ambitions dynastiques du futur Empereur. En effet, ce dernier souhaite unir sa belle-fille à son frère cadet, Louis Bonaparte, une personnalité aux antipodes de la jeune femme. Taciturne, mélancolique et souffrant de maladies fréquentes, Louis est tout l'inverse de l'élégante et vive Hortense. Qu'importe pour Napoléon, dont la décision est avant tout politique : ce mariage doit renforcer les liens entre sa famille et celle de Joséphine, tout en consolidant son pouvoir.
Cependant, ni Hortense ni Louis ne sont favorables à cette union. La jeune femme aurait préféré épouser le général Duroc, aide de camp de Napoléon, qu'elle aime en secret, tandis que Louis ne montre aucun intérêt pour sa future épouse. Malgré leurs réticences, ils doivent céder à la volonté de Napoléon, sacrifiant leurs désirs personnels aux impératifs politiques. Le mariage est alors célébré le 4 janvier 1802 dans une atmosphère plus formelle que joyeuse, au palais des Tuileries à Paris.
Des vies incompatibles
Rapidement, la vie conjugale d'Hortense et de Louis est marquée par des tensions. Louis, d'un caractère jaloux et possessif, voit d'un mauvais œil l'entourage mondain de sa femme et l'attachement qu'elle porte à sa mère, Joséphine. De son côté, Hortense, sociable et enjouée, supporte difficilement l'austérité de son mari et son tempérament sombre.
Malgré tout, le couple réussit à avoir trois fils, bien que la paternité de Louis soit parfois mise en doute. Parmi eux, seuls Napoléon-Louis (mort en 1831) et Louis-Napoléon (le futur Napoléon III) ont survécu à l'enfance. La mort prématurée de leur aîné, Napoléon-Charles, en 1807, bouleverse profondément les époux. Hortense sombre dans un deuil profond et trouve refuge dans sa liaison avec Charles de Flahaut, tandis que Louis s'isole davantage. Cet événement tragique creuse encore davantage le fossé entre eux, rendant leur cohabitation presque impossible.
L'importance politique de leur union
Malgré leurs différends personnels, l'union d'Hortense et de Louis joue un rôle crucial pour Napoléon Ier. Ainsi, en 1806, Louis est nommé roi de Hollande, une position stratégique dans l'expansion de l'Empire. Hortense, malgré son manque d'enthousiasme, suit son mari aux Pays-Bas et assume son rôle de reine élégante et diplomate. Elle s'efforce, ainsi, de maintenir des liens avec la cour française et d'adoucir l'image de Louis auprès de ses nouveaux sujets, tandis que ce dernier, obstiné, résiste aux directives de son frère.
Leur mariage permet également de consolider les ambitions dynastiques de Napoléon. Incapable d'avoir des enfants avec Joséphine, Napoléon voit dans les fils du couple ses potentiels héritiers. Cette perspective s'éloigne, néanmoins, temporairement avec la naissance du roi de Rome en 1811. Mais l'avenir impérial des enfants d’Hortense et de Louis ne disparaît pas complètement. En effet, avec la mort de Napoléon II, le 22 juillet 1832, le jeune Louis-Napoléon retrouve son statut d'héritier de l'Empereur. Il lui faudra, néanmoins, attendre 1852 pour assumer pleinement cette fonction en montant sur le trône sous le nom de Napoléon III et en fondant le Second Empire, perpétuant ainsi la dynastie qu'avait rêvée son oncle Napoléon Ier.
Malgré leurs désaccords et leur malheur personnel, le mariage d'Hortense et de Louis Bonaparte fut essentiel dans le projet impérial napoléonien. Il incarne la manière dont Napoléon utilisait les liens familiaux comme des outils au service de sa vision politique. Si leur union fut un échec intime, elle permit de préserver la continuité dynastique et de jouer un rôle clé dans l'Histoire de France. Leur fils, Napoléon III, dernière grande figure des Bonaparte, porte l'héritage d'un mariage malheureux mais historiquement déterminant. À travers lui, la dynastie impériale continua de marquer de son empreinte la France et l’Europe pendant la seconde moitié du XIXe siècle.
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4 commentaires
Contrairement à ce que l’on a retenu Napoléon Ier a été toute sa vie aveuglé par sa soif de conquête et puissance mettant toute sa famille. Napoléon III est très mal perçu car i a perdu l’Alsace et la Lorraine après sa défaite de 1870 à Sedan. Cependant on site souvent Violet Le duc, Haussmann, Lesseps mais jamais on ne dit que si la France s’est modernisée et devenue une puissance de premier plan, c’est grâce à Napoléon III qui a insufflé tout ces initiatives.
Après 1914 est la revanche de 1870 qui déjà été un ressentiment des conquêtes du tonton.
La suite dans l’ordre 1939 est la suite du traité de Versailles de 1919 trop défavorable aux Allemands où le président Américain Wilson réaliste avait dit « c’est le ferment d’une nouvelle guerre en Europe ». Adolphe l’avait en travers d’avoir vu l’Allemagne obligée de signer l’armistice sous la pression du blocus maritime et de la montée en puissance des idées communistes dans la population.
L’empreinte des Bonaparte… Mouhais… Hortense raconte dans ses mémoires qu’elle fut reçue ( à sa demande et bien sûr en pensant préserver ses intérêts)par Louis XVIII à la chute de Bonaparte . Le Roi fut on ne peut plus aimable et compréhensif à ses malheurs,ce qui n’empêche pas Hortense d’être un peu ironique …L’empreinte des Bourbons qui ont sauvé la France de la disparition en 1814-15 avait quand même une autre classe que celle des Bonaparte,surtout si l’on songe à la folle guerre sans motif que déclencha le fils d’Hortense en 1870 et dont nous subissons de façon ininterrompue les conséquences depuis plus de 150 ans ,au point que la France n’est plus aujourd’hui qu’un État de seconde zone…
Intéressant
Vu l’actualité, vous auriez pu dire également que cette élégante et intelligente jeune femme a composé la musique de la marche militaire « Partant pour la Syrie » qui servit d’hymne officieux au Second Empire.