49.3 : le curieux ballet du RN et de la majorité !

Éviter le fiasco de 2022. Le cauchemar de la réforme des retraites ne se rééditera pas pour le gouvernement. Désormais convaincue de l’absence totale de consensus au sein de l’Assemblée nationale, Élisabeth Borne va recourir massivement à l’article 49.3 permettant au gouvernement de passer outre un éventuel vote des députés. L’article désormais le plus connu de la Constitution de 1958 va servir à de nombreuses reprises. Loi Immigration, projet de loi de finances, de la Sécurité sociale… Il se murmure, dans les couloirs du palais Bourbon, que le gouvernement ne se bercera plus d’illusions. Ainsi, il a été convenu, ce mercredi, en Conseil des ministres, de s’autoriser à recourir à cet article pour faire adopter la loi de programmation des finances publiques.
L’impossible compromis
C’est l’autre bruit qui court, amplifié par Mediapart. En commission des finances, Jean-Philippe Tanguy a avancé sa position : d’accord pour s’abstenir, sous réserve que les aides européennes soient conditionnées à l’adoption de ce texte qui a pour ambition de fixer la trajectoire pluriannuelle des finances publiques jusqu'en 2027. En d’autres termes, le député de la Somme voudrait que le RN s’abstienne si le gouvernement accepte ses demandes, ce qui permettrait à Élisabeth Borne de se passer de l’utilisation du 49.3 . Un éventuel deal qui fait hurler la gauche. « Nous assistons à un drôle de manège », a raillé le député socialiste Philippe Brun, cité par Mediapart. « Une opposition déclarée qui mène une sorte de tango avec la majorité. » Autant dire que la gauche suit cela avec gourmandise. Du côté de la majorité, certains voient cette esquisse d’entente avec beaucoup d’appréhension.
Une position du président délégué du groupe RN qui fait grincer des dents jusque dans son camp. Débattu à l’ordre du jour mardi dernier, le point a été soulevé par le député du Tarn Frédéric Cabrolier, qui s’est inquiété d’une éventuelle abstention. Ce qui a provoqué un débat au sein du groupe. « On ne peut pas ne pas s’y opposer », s’alarme un député du groupe. « C’est un acte d’opposition indispensable », renchérit-il. Oui et non. Si les lois de finance sont traditionnellement et systématiquement rejetées par les oppositions, la loi de programmation des finances est une loi ordinaire. Donc, elle ne constitue pas un marqueur politique en soi. Néanmoins, le gain politique d’une telle opération n’est pas évident, pour certains. « Si on s’abstient, on tend un magnifique bâton à la gauche, murmure un député du RN. Ils nous accuseront de complicité vis-à-vis du macronisme et l’opinion ne comprendra jamais notre position. » Pas de véritable marqueur politique mais un sacré enjeu financier, car cette loi de programmation est directement corrélée au fameux plan de relance européen. « Cette loi de programmation, c'est un truc sans importance mais qui pourrait bloquer les fonds européens », précise Jean-Philippe Tanguy qui se rêverait donc en levier.
Alors, abstention ? Opposition ? Pour l’heure, la question ne semble pas avoir été totalement tranchée. « Marine attend le dernier moment pour dévoiler son jeu », croit savoir un élu du groupe. Ou alors de ménager le solaire député de la Somme qui donne l’illusion, à certains de ses collègues, de faire « cavalier seul ». Celui-ci est catégorique : « On s'abstiendra si le gouvernement accède à nos demandes, affirme-t-il, tout en précisant que ce n'était pas définitif ».
La majorité prise au piège ?
Quoi qu’il en soit, la majorité se retrouve à jouer un jeu dangereux. Si Élisabeth Borne revendique ne pas chercher d’accord avec le groupe de Marine Le Pen « sans, pour autant, exclure les extrêmes », a-t-elle affirmé, il lui importe de trouver le moyen de composer sans pour autant s’accorder. « On prend les macronistes à témoin », explique Jean-Philippe Tanguy, par téléphone. « Ils prétendent vouloir défendre l’intérêt national et faire des compromis mais, au final, ils mentent et n’en veulent aucun. » L’occasion est bonne, pour Tanguy, qui pourrait y voir une revanche sur le sabotage de sa commission d’enquête sur les financements étrangers par la majorité. C'est toute la problématique du trappeur : ne pas tomber soi-même dans son propre piège.
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37 commentaires
L’usage systématique de l’article 49-3 s’apparente à une gestion dictatoriale de la France, sans véritable opposition puisqu’elle n’est même pas capable de se rassembler pour voter une motion de censure !
Tous ceux qui réclament la démission et la destitution de Macron sont dans l’illusion totale, tant la gangrène a gagné tous les partis, pour le plus grand profit du roitelet et de ses maitres qui jubilent !
c’est fait le premier 49-3 de l’automne est né, il parait que la gauche va émettre une motion de censure, mais les LR attendent des postes au gouvernement et ne la voteront pas, les électeurs des LR apprécieront l’accompagnement de leur parti au gouvernement, on va passer l’automne avec les 49-3 à la queue leu leu, et les députés dopposition toujours aussi mollassons ne voteront pas les motions parce que ce n’est pas la leur voir la nupès qui quittera comme à son habitude l’hémicycle pour ne pas voter, on le fait tomber ou pas ce gouvernement ? va falloir vous bouger vous n’êtes pas payés par nos impôts que pour parler du barbecue à l’un ou des fromges de l’autre.
Tout est bon pour se débarrasser de la macronie
L’enjeu des marchandages : 10 milliards de ‘subventions européennes’ auraient été perdus (?) l’année dernière suite au refus de cette loi, et…cette année il serait question de 19 milliards …!! (?)
Le pays est vraiment pris en otage par les politiciens.
Destitution et Frexit. C’est la seule solution et cela devient URGENT!
Evident, mais pas pour tout le monde, hélas!
» c’est un truc sans importance mais qui pourrait bloquer les fonds européens » …. Ce qui est vrai pour Madame Meloni semblerait valoir pour Madame Le Pen. Et là est bien LE problème.
Il faut faire tomber ce gouvernement. Il faut, sans se laisser berner par ses contorsions et « ouvertures », contraindre Macron à la dissolution. Il faudra ensuite le contraindre à se démettre ou à accepter une cohabitation « dure » au cours de la quelle le processus de sa destitution et de sa mise en accusation sera engagé. Une majorité nouvelle doit être élue pour conduire le redressement national. C’est le minimum si l’on veut éviter l’explosion el le chaos. Le pays court à sa submersion, à sa ruine, à son effondrement interne et international et les Français en subissent toutes les conséquences directes.
« Il faudra ensuite le contraindre à se démettre ou à accepter une cohabitation « dure » Un psychopathe narcissique avec une mentalité d’écolier ne cèdera jamais aux pressions, au contraire. Quant à la cohabitation, vous en connaissez un « dur », vous?
L’occasion de faire tomber le 1er Gouvernement Borne a echoué , parc que, comme toujours, les députés LR ont voté Contre la Motion de censure, et ils sont, tous, prêts à continuer à Soutenir Macron.
Ils tiennent tous tellement à »’LEUR »’ siège qu’il FAUT faire en sorte que notre constitution interdise qu’un homme ou qu’une Femme puisse etre élu Député plus d’UNE FOIS DANS SA VIE !
Ce n’est pas avec une opposition pareille que le régime va tomber , à force de vouloir paraître présentable et laver plus blanc que blanc , le RN rentre dans le système tendu par la macronie et désole ses électeurs qui vont se poser la question aux prochains scrutins .
Involontairement, vous apportez la confirmation d’une « belle » manoeuvre de discrédit à l’encontre du RN. Mais encore faudrait-il que les « sapeurs » prennent la peine d’aller au bout du raisonnement RN qui n’agit que pour le bien de l’ensemble des français… C’est peut-être trop difficile à comprendre quand on est aveuglés et obsédés par le « califat » (It’s no good !).
Le RN dévoile peu à peu ses véritables intentions : foin du pouvoir, il n’en veux à aucun prix, son seul objectif étant de prendre la place des LR dans le nid douillet de l’opposition systématique.