50 jours au secret : mais que fait donc la France pour libérer Boualem Sansal ?

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Voilà 50 longs jours que Boualem Sansal, 75 ans, a été arrêté à sa descente d’avion à Alger et placé en détention. L’écrivain possède une double nationalité, algérienne et française. Maltraité par l’Algérie, trouve-t-il en la France une mère secourable qui se démène pour obtenir sa libération ? On voudrait en être sûr…

Ce 5 janvier, notre ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a évoqué « des initiatives que nous prenons à tous les niveaux, et depuis qu’il a été inquiété, (sic), pour obtenir sa libération ». Interrogé par BV sur les actions concrètes qu’il mène pour faire libérer Boualem Sansal, le Quai d’Orsay ne nous a pas répondu. « On conçoit qu’il y ait des choses qui restent sur un plan confidentiel, explique à BV Guillaume Bigot, député RN du Territoire de Belfort et membre du comité de soutien de l'écrivain. Mais d’un point de vue public, il ne se passe rien. »

Le 29 décembre, devant le Congrès, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a accusé la France d’avoir envoyé en Algérie « un imposteur qui ne connaît pas son identité, ne connaît pas son père et vient dire que la moitié de l’Algérie appartient à un autre État » - tel est Boualem Sansal à ses yeux. Emmanuel Macron, lors de la Conférence des ambassadrices et des ambassadeurs, ce 6 janvier, lui a répondu en jouant sur la corde sensible. « L'Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d’enfants (sic) et tant d'histoires entre dans une Histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est. » Curieux biais, qui semble reconnaître comme justifiée l’arrestation de l’écrivain. Guillaume Bigot tient à une distinction que ne fait pas le président de la République : « Ne confondons pas d'une part l'Algérie et les Algériens, d'autre part ce régime de voyous, une gérontocratie soumise aux islamistes. »

Otage et bouc émissaire

Boualem Sansal est pris en otage dans une crise franco-algérienne qui mêle les questions de la reconnaissance mémorielle et du Sahara occidental. Les propres opinions de l’écrivain sur l’islamisme ou l’État algérien - un État qu’il qualifiait de « mafieux » lors d'une interview à BV- sont la cerise sur le gâteau, pour cet État qui lance un message aux intellectuels en général : la prison n'est pas loin. Otage et bouc émissaire, Boualem Sansal. Le fait qu'il ait acquis, récemment, la nationalité française n'a pu qu'accroître la colère d'Alger. « Tout le discours sur les droits de l'homme à ce sujet sont insupportables, commente Guillaume Bigot, alors que le gouvernement algérien a arrêté un écrivain connu et reconnu, qui est malade et âgé, qui est un Français, et, quatrièmement… qui est innocent. Son seul crime est de s’être exprimé. »

La crédibilité de la diplomatie française n’est pas au plus haut. Jean-Noël Barrot en a fait lui-même la démonstration au Tchad. Pourtant, face au gouvernement algérien, la France ne manque pas de moyens de négociation, énumère Guillaume Bigot, à notre micro : « Les biens mal acquis, on en a la liste et une loi est activable pour les saisir. Il y a les visas donnés à tort et à travers et l'accord de 68 qu'il faudrait dénoncer… » Face à la vindicte du président algérien, Jean-Noël Barrot semble craindre un coup d’éventail sur le coin du nez et la musique d’Emmanuel Macron paraît ténue. « Je demande instamment [au gouvernement algérien] de libérer Boualem Sansal », a encore déclaré le Président français, se trompant de moyen d’action et se leurrant sur la puissance de sa parole.

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

48 commentaires

  1. Bonsoir,
    L’Algérie est une dictature islamo-mafieuse
    Il faut répondre à ce pays en adoptant les mêmes procédés
    Ceci serait une monnaie d’échange
    Aussi, enquêter sur les biens mal acquis des autorités Algériennes en France – biens immobiliers, comptes en banque, placements etc……
    Et enfin, placer en centre de détention tous les délinquants Algériens qui nous pourrissent la vie et ce jusqu’au moment ou l’Algérie les reprend
    Et je suis certain qu’il y a encore d’autres moyens .

  2. C’est très mal ce que fait le gouvernement algérien. Mais qu’est-il arrivé à Alexeï Navalny l’opposant russe à Vladimir Poutine ? Alors pourquoi Boualem Sansal est-il allé en Algérie ? Je n’aimerais pas qu’il arrive la même chose à d’autres intellectuels algériens ou bi nationaux. Alors que Kamel Daoud, par exemple, évite d’aller à Oran et reste avec nous en France.

  3. On aurait pu s’attendre à ce que de très nombreux algériens-français se lèvent et pétitionnent sur les réseaux dits sociaux pour exiger de leur pays d’origine la libération de notre compatriote Boualem Sansal injustement et arbitrairement emprisonné par ce régime dictatorial, car, après tout, si ils sont si nombreux en France, c’est qu’ils désapprouvent la politique menée par ce pouvoir ? Que ne le font-ils savoir haut et fort ? Quant à ceux qui ont condamné du bout des lèvres, mais avec des « oui mais » peuvent-ils encore se regarder dans la glace ? Ils sont méprisables.

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