9 novembre 1918 : l’abdication remet en cause l’armistice
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Le 9 novembre, l’empereur allemand Guillaume II est pressé de toutes parts pour renoncer à ses deux couronnes : celle de la Prusse et celle de l’Allemagne. La révolution couve dans les rues de Berlin. De plus, les généraux allemands dont les armées sont épuisées ainsi que les gouvernements alliés estiment que le Kaiser Guillaume est un obstacle à l’armistice.
C’est le chancelier Max de Bade (1867-1929) qui finit de convaincre le Kaiser de renoncer au trône en envoyant un télégramme persuasif : "Prière instante à Sa Majesté de sauver par l’abdication une situation désespérée." Dans un premier temps, le Kaiser suggère de n’abdiquer que de son titre d’empereur car il entend conserver son titre de roi de Prusse. C’est en ce sens qu’il fait rédiger son texte d’abdication. Puis le futur ex-empereur va déjeuner avec des proches. Il signe le texte de son abdication à 14 h 00. Un quart d’heure plus tard, il apprend une nouvelle stupéfiante : l’agence de presse Wolff a annoncé, dès midi, l’abdication de Guillaume comme empereur et comme roi de Prusse, et la renonciation au trône du prince héritier (Kronprinz) Guillaume de Hohenzollern (1882-1951). C’est la consternation. Ainsi, le chancelier du Reich - car c’est lui le responsable du communiqué - n’a pas attendu la décision du Kaiser et s’est permis de décider du sort du roi de Prusse et du Kronprinz[ref]www.spa-entouteslettres.be/kaizer.html[/ref]. La mort dans l’âme, Guillaume II finit par s’enfuir puis abdiquer. Cette renonciation pour l’heure verbale[ref] Elle n’est formellement signée que deux semaines après l’armistice[/ref] libère l’esprit des plénipotentiaires et le cessez-le-feu devient alors possible.
Matthias Erzberger, qui a réuni ses acolytes dans le wagon de Napoléon III à Rethondes, leur demande « de finaliser et rédiger les demandes que nous allons soumettre aujourd’hui au général Weygand pour transmission au maréchal Foch[ref] De Gmeline, Patrick, Le 11 novembre 1918 – Éditions Presse de la Cité, page 289[/ref] ». Les plénipotentiaires d’outre-Rhin demandent la suppression d’une zone neutralisée, la réduction du nombre des matériels de guerre qui doit être remis, la cessation du blocus. Bref, ils demandent un assouplissement des conditions d’armistice.
Pendant ce temps, le maréchal Ferdinand Foch s’en va rejoindre Georges Clemenceau à Senlis, où ils se retrouvent en début d’après-midi. Foch, généralissime des armées alliées, fait part au président du Conseil et à son chef de cabinet militaire, le général Henri Mordacq (1868-1943), du message qu’il a fait parvenir au général Philippe Pétain, au maréchal Douglas Haig[ref]Commandant en chef des forces britanniques en France (1861-1928)[/ref] et au général John Pershing (1860-1948)[ref]Commandant du corps expéditionnaire américain.[/ref] : "L’ennemi, désorganisé par nos attaques répétées, cède sur tous les fronts. Il importe d’entretenir et de précipiter nos actions. Je fais appel à l’énergie et à l’initiative des commandants en chef et de leurs armées pour rendre décisifs les résultats obtenus[ref]De Gmeline, Patrick, Le 11 novembre 1918 – Éditions Presse de la Cité, page 307[/ref]." Au même moment, Weygand, major général des armées alliées, remet ses « observations » à la délégation allemande.
Les Allemands sont vite conscients que leurs demandes ne vont pas être totalement satisfaites et que l’adoucissement espéré sera réduit à une peau de chagrin. À 18 h 00, alors qu’il est revenu de Senlis, le maréchal Foch examine, installé dans son wagon, les contre-propositions allemandes pour l’armistice. Il fait prévenir les missi dominici allemands qu’un nouveau gouvernement va être constitué, puisque le Kaiser a abdiqué, que le Kronprinz a renoncé et que Max de Bade n’est plus chancelier. Mais ils ne savent toujours pas si l’empire perdure ou si la république lui succède.
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