Le double jeu du PS : avait-il besoin de se déconsidérer encore ?
Le Parti socialiste ne sait plus à quel saint se vouer. Ses cadres sont partagés entre la fidélité à Benoît Hamon, candidat légitime puisque issu de la primaire, et le soutien à Emmanuel Macron, qui leur permettrait, pensent-ils, de se refaire une virginité. Les cocus de l’affaire sont les sympathisants socialistes, qui croyaient sincèrement qu’être de gauche signifiait défendre avec constance des valeurs.
Jean-Christophe Cambadélis, naguère trotskiste, s’est transformé avec l’âge en bourgeois : le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne met pas beaucoup d’empressement à sanctionner les transfuges. Difficile, il est vrai, d’exclure Manuel Valls, l’ex-Premier ministre, ou Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, voire François Hollande lui-même !
Mais comme Benoît Hamon n’a aucune chance de se qualifier pour le second tour, il faut bien garantir l’avenir, dans la perspective des législatives, c’est-à-dire disposer d’un nombre suffisant de députés pour pouvoir continuer d’exister. Rue de Solférino, on a trouvé le remède magique : placer des pions dans les deux camps.
Selon Le Parisien, le PS aurait trouvé un moyen de ne pas investir de candidats contre ses propres transfuges. Dans les circonscriptions où des socialistes porteraient les couleurs d’« En Marche !», il investirait des candidats choisis parmi ses partenaires : EELV, UDE, PRG. Ainsi, le PS ne présenterait aucun candidat dans les quatre circonscriptions de Lyon, dont le maire Gérard Collomb est l’un des premiers soutiens de Macron.
La pilule a du mal à passer. « C'était couru d'avance : Cambadélis envoie les partenaires à la casse pour avantager Macron », aurait déclaré, furieuse, une députée sortante EELV. Lesdits partenaires ne veulent pas être les dindons de la farce. Voilà qui nous annonce de nouvelles divisions qui ne vont pas apaiser – c’est le moins qu’on puisse dire – la zizanie qui règne à gauche.
L’ironie, c’est qu’Emmanuel Macron, qui ne souhaite pas apparaître - avant le premier tour, du moins - comme trop proche du PS, ne renvoie pas l’ascenseur à ses anciens amis et présente des candidats contre les ténors qui ne l’ont pas rejoint, y compris contre Jean-Christophe Cambadélis !
Il n’est pas étonnant, dans cette pétaudière où une chatte ne reconnaîtrait pas ses petits, que Jean-Luc Mélenchon fasse un score si élevé. Il s’affiche comme un candidat qui ne renonce pas aux valeurs de la gauche et se refuse aux compromissions. Encore que lui-même aurait aussi une sorte de penchant pour le double visage, jouant tantôt au prêcheur de paix (rameau d’olivier à la boutonnière), tantôt au petit père des peuples, de sinistre mémoire.
Décidément, cette élection présidentielle nous apportera peut-être encore quelques surprises, mais une chose est sûre : la gauche dite de gouvernement est en décomposition. Déconsidérée dans l’opinion, moribonde, elle cherche par tous les moyens à se relever. Mais, au lieu d’avoir la dignité du perdant qui prépare son retour sur la scène, son double jeu la déconsidère davantage et ne suscite que des sifflets.
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