Le monsieur (ou la madame) X de la droite française

Peut-être est-il seulement en formation, comme l’était encore Emmanuel Macron il y a trois ans de cela ?

Dans son édition du 19 septembre 1963, tandis que la France pavoise sous de Gaulle, L’Express, alors entre les mains expertes de Jean-Jacques Servan-Schreiber et de Françoise Giroud, imagine le candidat idéal qui abattrait le vieux chêne.

L’hebdomadaire dresse ainsi le portrait-robot de leur homme providentiel :

Il s'agit d'un homme politique exemplaire : il possède une équipe dynamique, il a beaucoup d'amis dans le milieu, de très bonnes relations avec les dirigeants des grandes entreprises.

Une semaine plus tard, le secret est éventé par Le Canard enchaîné : monsieur X était en réalité Gaston Defferre, qui finirait par renoncer à se présenter à la présidentielle de 1965 – et qui échouerait quatre ans plus tard.

En raison de l’incapacité chronique des Républicains à présenter un candidat qui suscite l’adhésion, et au vu des difficultés du Front national à briser le plafond de verre, malgré la volonté des Français de voir menée une politique (réellement) de droite, beaucoup s’accordent sur la nécessité de créer une nouvelle formation patriote.

Encore faut-il que cette politique soit incarnée. Le candidat (ou la candidate) idéal(e) est-il (elle) toujours Marine Le Pen, malgré la désillusion suscitée par un score en deçà des espérances au deuxième tour de la présidentielle, ou bien sa nièce Marion, malgré son retrait (temporaire ?) de la vie politique, ou bien Nicolas Dupont-Aignan, qui a mis un pied dans le Rubicon en se ralliant à la présidente du FN au deuxième tour, ou bien un ténor des Républicains, comme Laurent Wauquiez, ou bien encore un vieux de la vieille, comme Philippe de Villiers ?

La période semble moins propice que par le passé à la personnalisation à outrance du combat politique. La droite, pourtant, possède dans ses gènes un souci de verticalité qui s’incarne dans la figure du monarque républicain et ne saurait se satisfaire de n’être qu’un aréopage de médiocres bretteurs entre lesquels n’existerait aucune hiérarchie.

Il est difficile, à l’heure actuelle, de mettre un nom sous le « monsieur-madame X » de la droite. Peut-être est-il seulement en formation, comme l’était encore Emmanuel Macron il y a trois ans de cela ?

On peut néanmoins en esquisser les grands traits : celui-ci doit mener un combat identitaire (la « France, peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne » du général de Gaulle) ; celui-ci doit légitimer la France dans le monde ; celui-ci doit lutter pour la défense de notre civilisation ; celui-ci doit s’imprégner de l’Histoire de France depuis les ancêtres gaulois et en faire revivre l’âme parmi un peuple en manque d’imaginaire collectif ; celui-ci doit parler au monde rural et enraciné autant qu’aux villes ; celui-ci doit s’appuyer sur l’esprit d’entreprise des petits patrons qui souffrent particulièrement de la mondialisation ; celui-ci doit avoir le cœur suffisamment social pour ne pas laisser les oubliés de la mondialisation au bord du chemin.

En un mot, monsieur (ou madame) X doit transpirer la France.

Picture of Gregory Vanden Bruel
Gregory Vanden Bruel
Conseiller politique

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

On tape toujours sur les mêmes : jusqu’à quand ?
Gabrielle Cluzel sur CNews
Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois