Vaccinations obligatoires : à soutenir, évidemment !

Arrachée à notre affection pour cause de fin de quinquennat, Marisol Touraine (à laquelle En Marche! a pris soin de ne pas opposer de candidat aux législatives) a laissé dans un tiroir à son successeur un œuf d'alien dont la coquille commence à craqueler : la question des vaccinations obligatoires.

Depuis longtemps au nombre de trois (diphtérie, tétanos, poliomyélite), la présentation dite DTP qui les regroupait n'est plus disponible depuis près de dix ans, mais toujours associée d'usine à d'autres vaccins dont l'usage est seulement fortement recommandé par les scientifiques. Un peu comme le boucher derrière sa balance disant : "Y a un peu plus, ma petite dame, je vous mets tout ?" Mais il est clair qu'une protection contre la coqueluche, le méningocoque, le pneumocoque ou la rougeole, qui entraînent encore chaque année plusieurs décès ou séquelles lourdes, ne saurait rencontrer d'opposition que de parents déraisonnables. À preuve, le DTP n'était plus utilisé par les anti-vaccination et ne concernait que 2 ou 3 % des enfants.

En effet, à force de surmédiatiser des accidents vaccinaux tout à fait exceptionnels, voire de simples rumeurs de soupçons, ou par exemple, comme le fit une cour d'appel, de décréter toute seule sans aucune preuve que le vaccin anti-hépatite B donnait la sclérose en plaques, des gourous ont créé des peurs irrationnelles ressortissant au fétichisme branché façon réchauffisme, vegan ou sans gluten. Oubliant les millions de vies sauvées par l'invention de Jenner et sa diffusion mondiale, parfois même par ces infâmes colonialistes…

Et ce n'est pas parce que certaines maladies ont pratiquement disparu qu'il faudrait baisser les bras. C'est même tout le contraire, parce que dans un monde hautement ouvert et interdépendant, les agents infectieux passent plus aisément les frontières que jamais, à commencer par celui de la tuberculose qui tue de nouveau 1.000 personnes par an, alors qu'il avait pratiquement disparu. La vaccination est, certes, une protection individuelle. Mais elle est avant tout une protection collective et, de fait, le plus grand succès de la santé publique. Or, la lutte contre les agents infectieux est comparable à une chaîne : elle ne vaut que ce que vaut son maillon le plus faible, le nombre de non-vaccinés susceptibles d'abriter le microbe et de le répandre. On peut donc s'attendre à une proposition de loi visant à étendre en France l’obligation vaccinale à onze vaccins. Ça n'ira pas sans protestations au nom de la liberté individuelle et de la religion des droits de l'homme, ça finira en Cour de justice de l'Union européenne, mais c'est… dans la seringue.

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Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

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