Venezuela : l’insurrection ?
Alors que le scrutin pour désigner les 545 membres de l’Assemblée constituante a débuté à 6 heures (heure locale) ce dimanche matin, le président vénézuélien Nicolás Maduro, accompagné de sa femme Cilia Flores, entouré d’une impressionnante protection militaire, a tenu à être le premier à voter "pour la paix, la souveraineté et l'indépendance du Venezuela" ! Une déclaration totalement décalée avec le climat de tension dans lequel est maintenant plongé le pays...
De nombreux incidents ont déjà été répertoriés : vandalisme des locaux électoraux, urnes détruites et incendiées, affrontement avec les militaires de la Garde nationale par de petits groupes d’opposants particulièrement déterminés. Plus dramatique : dans cette ambiance insurrectionnelle qui, depuis plusieurs jours, parcourt les villes de ce pays, un candidat pro-cháviste à l’ANC, José Felix Pineda, a été assassiné par balle à son domicile dans la nuit de samedi à dimanche dans la ville de Heres, une ville de 342.000 habitants dans l’État de Bolivar, dans l’est du Venezuela. Dimanche, dans une marche de protestation, un jeune homme de 19 ans a été tué par balle à Tovar, une petite ville de 39.000 habitants de l’État de Mérida, dans l’ouest du pays. Depuis 48 heures, dans l’ensemble du pays, dans un décompte malheureusement provisoire, huit personnes ont été tuées, dont cinq pour le seul État de Mérida.
À l’appel du MUD (Mesa de la Unidad Democrática), la coalition de l’opposition a appelé la population "à dresser des barricades" et à "bloquer les principaux axes routiers et autoroutiers" pour s’opposer aux manœuvres de Maduro.
Une élection qui ne vise, en fait, qu’à tenter de pérenniser un pouvoir totalement disqualifié, tant sur le plan économique que politique. Le président de l’institut d’analyse et de statistique Datanálisis, Luis Vicente León, précise que « 84 % des Vénézuéliens ne croient pas que celle-ci pourra résoudre les problèmes économiques actuels... »
L’Église catholique, par l’intermédiaire du cardinal de Caracas Jorge Urosa Savino, vient de nouveau de déclarer son opposition à cette élection en déclarant ce dimanche que "l'Assemblée nationale constituante prévue par le président Nicolás Maduro est illégale et invalide [...]" ! La semaine dernière, la démission d’un diplomate vénézuélien, le conseiller à l’ONU Isaías Medina, dénonçant dans une lettre "les violations répétées des droits de l'homme et de crimes contre l'humanité commis au cours des 100 derniers jours", avait déclenché enfin un électrochoc dans le monde diplomatique.
De nombreux pays voisins, dont la Colombie et le Panama, viennent d’annoncer qu'ils ne reconnaîtraient pas la Constituante. Même si tout cela reste quand même symbolique, les États-Unis ont annoncé des sanctions contre treize personnalités vénézuéliennes considérées comme une menace pour la démocratie, dont madame Tibisay Lucena, la très active présidente du Conseil national électoral.
De nombreux vols en direction de Caracas sont maintenant suspendus par plusieurs compagnies aériennes, dont ceux d’Air France. Aux frontières colombiennes, une nouvelle migration se met en place. Au fil des mois, le Venezuela s’est progressivement plongé dans le chaos. Un chaos maintenant insurrectionnel...
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