« Après la défaite des droites filloniste et mariniste, c’est le moment de reconstruire »

Jacques de Guillebon : « Après la défaite des droites filloniste et mariniste, c’est le moment de reconstruire »

Jeudi est lancé L'Incorrect. Un nouveau magazine assumant résolument une ligne de droite conservatrice et transpartisane.

Pour Jacques de Guillebon, directeur de la rédaction, le moment est idéalement choisi pour retrouver une vraie ligne idéologique.

Vous lancez ce jeudi un nouveau magazine qui s'appelle l'Incorrect, un magazine de droite qui est assumé de droite.
Est-ce qu'il y avait la place pour ce magazine ?
Quelle place allez-vous occuper ?
Qu'est-ce que vous allez faire ?
Quel est ce journal ?

Il y a plus que de la place, il y avait une attente autour de ce type de magazine.
Peu de magazines s'assument de droite aujourd'hui.
Il y a des hebdomadaires, nous sommes un mensuel.
On assume vraiment cette ligne et surtout on essaye de redéfinir ce qu'est la droite. C'est un peu le fond de ce magazine.
Après la défaite en mai dernier des camps filloniste et mariniste, le moment apparaît idéal pour reconstruire sur ces ruines et essayer d'énoncer une nouvelle ligne idéologique, une vraie ligne de pensée et culturelle. Comme disait Joffre « ma droite est enfoncée, ma gauche recule, tout va bien j'attaque ».

Certains médias ont dit que vous étiez des nostalgiques de Marion Maréchal-Le Pen.
Wauquiez dit qu'il voulait incarner la droite qui est la « vraie droite », la droite qui s'assume de droite.
Vous nous parlez de la droite, de ses valeurs, etc.
De quoi parle-t-on exactement ?

Nous ne sommes pas des nostalgiques de Marion, car de toute façon elle est partie.
Il se trouve qu'il y a des marionistes, des anciens fillionistes, des gens qui ne sont ni l'un ni l'autre.
Nous n'avons rien contre Wauquiez, mais lui a tendance à fermer la porte.
Il avait dit qu'il ne nous voulait pas parler avec Marion.
Nous sommes une droite trans-partisane, nous essayons de ressouder de ce qui a été séparé à l'époque de François Mittérand avec d'ailleurs un peu la complicité de Jean-Marie Le Pen.
C'est-à-dire qu'il y avait deux droites qui ne se parlaient plus parce que la gauche avait décidé qu'il fallait les séparer.
On essaie de reprendre ce qu'il y a eu de bien dans une partie du Front national, de l'UMP et des Républicains.
On s'inscrit au-delà des partis, même si tant mieux pour lui si un nouveau parti surgit.
Nous travaillons vraiment sur la question des idées, celles d'une droite conservatrice qui n'est pas vraiment libérale.
Il y a plusieurs tendances, mais en tout cas ce n'est pas du tout une droite de l'argent.
Dans la tête des gens aujourd'hui, droite veut dire l'argent. Or ce n'est pas notre sujet.
Nous sommes plutôt orientés sur la permanence de la France, la permanence de l'être humain contre les assauts conjoints de la gauche, du centre et de tout ce néant.
Nous essayons de retenir les statues avant qu'elles ne soient déboulonnées.

On a entendu que l'on pouvait se procurer L'incorrect en kiosque.
C'est donc un journal papier.
Le temps du papier n'est-il pas un peu révolu ?

Non, je ne pense pas.
C'est pour cela aussi qu'on est conservateur.
Le journal papier est un très bel objet que je conseille à tous les auditeurs de découvrir, mais jeudi, en même temps que la sortie de magazine, il a aussi un site extrêmement performant qui sera lancé.
On y trouvera de la vidéo, du texte en plus. C'est assez développé.
Nous ne sommes pas uniquement dans le papier, nous avons bien compris que le monde des médias était beaucoup plus large que cela.


Pour votre première Une, vous titrez : « ceux qui ne sont rien ».
De qui parle-t-on ?
Est-ce à eux que s'adresse ce magazine ?
Est-ce que c'est d'eux dont vous parlez ?

Ce magazine s'adresse à un public assez large, même s'il a un côté assez intellectuel et culturel. Il s'adresse à tous les Français de manière globale.
« Ceux qui ne sont rien » fait référence à cette phrase que Emmanuel Macron a prononcée « dans les gares, c'est merveilleux, on peut croiser ceux qui réussissent et ceux qui ne sont rien ».
C'est cette phrase-là qu'on reprend, un peu comme François Hollande avait eu ses « sans-dents », pour montrer ce mépris qui peut y avoir de cette caste politique.
C'est d'eux dont on parle. Il s'agit de la France périphérique, mais pas seulement, aussi les Anglais périphériques si on peut dire, car il y a un reportage sur le Brexit. En fait, on parle de ce peuple, qu'il soit d'Europe ou des États-Unis, et qui se sent mal représenté malheureusement par Mélenchon ou Marine le Pen aux dernières élections.
On parle de ce peuple qui en a ras le bol, mais qui a envie de retrouver une identité, une cohérence et qui a envie de continuer d'exister.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/09/2024 à 9:57.
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Jacques de Guillebon
Journaliste et essayiste

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