Fin de la démocratie : Emmanuel Todd est-il un prophète ?
Emmanuel Todd se révèle une fois de plus excellent analyste dans son dernier livre: Où en sommes-nous ?
Celui qui avait prédit la décomposition de la sphère soviétique, en 1976, se penche aujourd’hui sur la décomposition de la France et de l’Europe. Son bilan n’est pas bon.
Dans ses préoccupation majeures, l’éducation arrive en tête. L’accès aux études supérieures pour un tiers de la population a créé, selon lui, une fracture immense entre deux catégories de la population. Deux catégories qui cohabitent de force en n'ayant plus grand-chose d’autre en commun que la terre charnelle. Deux strates : l’élite et le peuple. Quand l’élite était peu nombreuse, elle avait besoin du peuple pour exister, elle peut dorénavant se suffire à elle-même. Les deux populations se toisent du regard, méfiantes, et agissent de façon autonome.
Pour Emmanuel Todd, l’inégalité reprend sa place, par la différence d’éducation mais également par les différences de richesse qui, bien souvent, découlent de l’éducation et du niveau d’étude. Les inégalités sont l’ADN des pays de la zone euro et vont signer, à terme, la mort de l’Union Européenne.
Plus que l’euro ou l’Union européenne, c’est la démocratie qui bat de l’aile pour l’historien polémiste. À raison, l’auteur rappelle que, traditionnellement, les pays de notre continent et même du monde ne sont pas démocratiques. Pour autant, son pessimisme est teinté d’espoir. En effet, selon sa formule, "un historien sait qu’il y a une vie après la démocratie".
Que pouvons-nous en tirer ?
Tout d’abord, nous devons nous réjouir que le bilan fait par la droite soit de plus en plus corroboré par des auteurs de gauche : échec de l’école, mensonge du mythe égalitaire, échec de l’euro et de l’Union européenne, mensonge de la démocratie comme aboutissement du système politique… Et ensuite ?
Ensuite, il faut préparer l’après. La démocratie va à sa perte ? Pensons alternatif. Ne laissons pas ce créneau à La France insoumise : si le pouvoir est bientôt disponible, il n’apparaît pas vraiment souhaitable qu’il tombe dans les mains d’un Mélenchon. La droite hors les murs proposait de revoir le système politique : ce que nous montre un Emmanuel Todd, c’est que cette aspiration d’une partie de la droite est partagée par une frange de la gauche. C’est ensemble que ces penseurs doivent réfléchir. Un bilan commun, c’est bien ; des solutions communes, ce serait mieux. Et pourquoi pas, ensuite, un projet commun ?
Pour éviter la guerre civile entre les deux populations, il faut trouver de nouveaux moyens de faire communiquer l’élite et le peuple. La fin des corporations a tué l’unité française et nous a menés jusqu’à la lutte des classes. Il doit y avoir un idéal commun pour que tous les Français aient la volonté de travailler ensemble : ça ne peut pas être l’Union européenne, ce pourrait être la France. Cela ne peut passer que par l’école et par un retour à une Histoire de France idéalisée.
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