Trump aux Nations unies : pour une ONU des patriotes !
Donc, si "Rocket Man" (Kim Jong-un) ne remise pas ses joujoux nucléaires, "les États-Unis n’auront d’autre choix que la destruction totale de la Corée du Nord". Les médias américains, leurrés par cette seule phrase, oublient ainsi quarante minutes du récent discours de Trump à l’ONU.
Un discours de compromis, rédigé à plusieurs, en particulier la future candidate républicaine aux présidentielles de 2020, la néocon Nikki Haley. Tentons d’élucider :
De prime abord, le discours est « trumpien » : "J’ai été élu pour rendre le pouvoir au peuple" ; "depuis mon élection, le pays n’a jamais été aussi bien" (emplois, Bourse…) et ce n’est qu’un début ; "nous vivons une époque de percées révolutionnaires" (sciences, médecine, technologies) ; le monde recèle un "immense potentiel" de richesse, de croissance. Et pourtant, nous tous "affrontons quotidiennement de graves menaces" (terrorisme, États-gangsters) ; que "tous ensemble" [les membres de l’ONU] nous devrons éradiquer, "car personne ne le fera pour nous" ; enfin, sachez que "les États-Unis ne veulent pas vous imposer leur mode de vie". L’avenir est assis sur trois piliers : "la Souveraineté, la Sécurité, la Prospérité". Trump aurait donc lu Georges Dumézil…
Sauf que son discours reste dans la continuité directe de ceux de George W. Bush : la composante messianique reste la même ("notre Constitution est la plus ancienne du monde") ; le "tous ensemble" de Trump se complète de "nos valeurs", incompatibles avec "les infractions à la souveraineté en Ukraine et mer de Chine"... Et la prophétie « bushiste » se déroule : l’Irak maintenant néantisé, de "l’axe du mal" restent encore la Corée et l’Iran à éradiquer. Avec deux autres plats en réserve : le Venezuela et Cuba. Et Trump de dresser ainsi la table du complexe militaro-industriel, en préparation de conflits militaires majeurs. Plus fort que Bush…
Lueur d’espoir : Trump a modulé ses effets en trois temps. Il a siffloté en prélude un air isolationniste léger, avant de labourer (à contre-emploi) dans le registre néocon classique, pour conclure en apothéose populiste, avec ses thèmes fondamentaux : le "commerce équitable" (pour les Américains), la "lutte contre le terrorisme islamiste" (reprise de son discours de Riyad), le "contrôle des flux migratoires" en fixant et aidant les gens sur place ("avec le coût d’implantation d’un réfugié sur le sol américain, nous pourrions aider dix et plus d’entre eux dans leur propre pays").
Car tout le monde sait que l’ONU est ingouvernable. Une « sortie » des États-Unis, de la Chine et de la Russie dans un organisme séparé, centré sur la sécurité, moins coûteux, où chacun payerait sa part, n’est pas à exclure. Trump l’a dit, poliment : il y a "un problème de retour sur investissement". Poursuivant ainsi : "La vraie question, pour l’ONU et les pays du monde, est simple : sommes-nous encore des patriotes ?" Concluant : "Sacrifions-nous tous ensemble pour la paix, la justice, la famille, l’humanité, et Dieu tout-puissant."
Reste que, l’étau du tout-puissant procureur Mueller se resserrant sur Trump, un conflit grave avec la Corée du Nord ou l’Iran ferait probablement oublier cette supposée « collusion russe » qui empêche toujours Trump de gouverner. Le ministre des Affaires étrangères du Venezuela ne s’y est pas trompé : "Trump veut régenter le monde alors qu’il ne peut même pas diriger son propre gouvernement !" Bien vu…
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