Rien ne va plus au Togo ?
Depuis le début du mois, dans un assourdissant silence international, le Togo s’enfonce dans l’instabilité… Le premier président, choisi par les réseaux de De Gaulle - Sylvanus Olympio -, sera assassiné en 1963 par un ancien soldat démobilisé, Gnassingbé Eyadema, qui, à la tête d’un commando, place son beau-frère, Nicolas Grunitzky, au pouvoir.
Celui-ci saura remercier Eyadema en le nommant officier et, deux ans plus tard, chef d'état-major de l’armée… En 1967, Eyadema renverse Grunitzky et instaure au Togo un régime dictatorial inspiré par son grand mentor politique : Kim Il-sung. La population est embrigadée, par le chant et la danse, dans le Rassemblement du peuple togolais (RPT). Mais il aura su donner des gages à la France, et Foccart laissera faire.
Eyadema, "le Timonier National", s’autoproclame « général d’armée », cultive le culte de la personnalité et réforme l’armée à sa dévotion, uniquement constituée des membres de sa tribu : les Kabyés.
Il maintiendra jusqu’à sa mort (2003) une dictature où la durée de vie des opposants sera inversement proportionnelle à leur influence. Politiquement, il restera proche de la France, s’y faisant même un ami très personnel et totalement inattendu : Jacques Chirac, qui le soutiendra jusqu’à sa mort !
Parallèlement, il sera très coopératif avec Israël, désireux d’ouvrir une zone d’influence en Afrique de l’Ouest, alors soumise à une vaste offensive diplomatique et financière de Kadhafi. (En pleine période d’apartheid, à la demande des Israéliens, l’aéroport de Lomé-Tokoin servira aussi de base-relais discrète pour les avions sud-africains à destination d’Israël.)
Sous la pression de l’Europe, une Constitution sera promulguée en 1992, précisant à l’article 59 que le président de la République "est élu au suffrage universel direct et secret pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois".
Eyadema sera, bien sûr, élu… Les élections restent, en pratique, sous le contrôle total du RPT, sans l’aval duquel chacun sait qu’il n’aura ni emploi ni promotion, ni aucune aide.
À ce prix, le Togo est un pays politiquement stable, ce dont chacun se félicite.
En 2002, après ses deux mandats, Eyadema, n’ayant nullement l’intention de quitter le pouvoir, fait modifier la Constitution, prévoyant aussi d’avancer l’âge initial requis, pour pouvoir faire élire son fils Faure, car il sait sa santé fragile.
L’article 59 est donc modifié, prévoyant désormais sans limitations que "le président est rééligible et reste en fonction jusqu'à la prise de fonction effective de son successeur élu". L’âge minimum est abaissé à 35 ans.
Réélu, mais mort un an plus tard, Gnassingbé Eyadema laissera effectivement le pays à son fils Faure, qui sera élu et réélu - avec l’aide, notamment, de la franc-maçonnerie aux ordres d’Omar Bongo qui, prévoyant de laisser le Gabon à son fils Ali, trouva là l’excellent moyen de créer un précédent…
Faure est de plus en plus contesté aujourd’hui par une population qui a quasiment doublé en trente ans…
C’est l’annonce, par Netanyahou, du report du sommet « Israël – Afrique » prévu à Lomé en octobre qui révélera l’embarras dans lequel se trouve le pouvoir togolais.
Car Faure, pour devenir président à vie, veut à nouveau modifier la Constitution.
Aujourd’hui, le RPT ne parvient plus à contenir les foules et les manifestations quotidiennes des partis d’opposition et de l'Église, qui exigent le départ de Faure et le retour à la Constitution de 1992.
L’armée multiplie les manœuvres d'intimidation, les arrestations, voire les exécutions… Dans le nord (Mango), la population fuit vers le Ghana.
Internet a été coupé entre le 5 et le 9 septembre et les communications sont, aujourd’hui, de nouveau restreintes…
Comme l’a souligné Kofi Yamgnane, Togolais de naissance : "Faure a fait pire que son père."
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