Budget : M. Macron est-il l’héritier de M. Hollande ?
M. Le Maire a rendu sa copie : si l’insincérité du dernier budget de M. Hollande a été corrigée, si quelques baisses d’impôts sont effectivement au rendez-vous, si les hypothèses retenues sont qualifiées de raisonnables par le Haut Conseil des finances publiques, le pouvoir n’a aucune marge de manœuvre, si la conjoncture se dégradait un tant soit peu.
La croissance est prévue à 1,7 % en 2018, comme en 2017. Cette année, on atteindra ce bon chiffre sans problème, mais l’expansion du PIB étant par nature volatile, elle ne sera peut-être que de 1,4 % en 2018 (elle ne dépassera pas 1,7 %, vu le manque de réformes économiques en France).
Si elle baisse même modérément, le déficit de recettes atteindra rapidement cinq milliards. Or, aucun ministère n’a été mis à la diète, et en cela, M. Macron est le digne héritier de M. Hollande. M. Le Maire a simplement rogné sur l’augmentation des crédits alloués sans comprimer ceux-ci. Les économies promises sont nébuleuses : le gouvernement mettra la Sécurité sociale à contribution et diminuera les dotations aux collectivités locales. Celles-ci se révoltent, car le pouvoir leur impose une austérité brutale qu’il se garde bien de s’appliquer à lui-même. De cette façon, les inévitables (et lourdes !) augmentations d’impôts seront uniquement le fait des administrations locales et non de l’État, ce qui permettra à M. Macron de prétendre hypocritement qu’il a rompu avec le ras-le-bol fiscal. Attendons-nous à une flambée de 20 % à 30 % de la taxe foncière. Cela tombe bien : le Président déteste les propriétaires occupants et bailleurs et ne jure que par les revenus des actions.
Le déficit file. M. Valls avait mensongèrement prévu un trou de soixante-neuf milliards en 2017. Il sera finalement de soixante-quinze, cette année. Les rodomontades de M. Darmanin qui prétendait récupérer sept milliards ont été vaines. En 2018, le trou s’agrandira encore (du Hollande tout craché !). Il sera de quatre-vingt-un milliards (pour des recettes de quatre cent douze milliards). L’État consomme près de 20 % de plus que ce qu’il reçoit. Quel ménage pourrait tenir ce rythme ?
Bien sûr, nous respecterons enfin la règle des 3 % (2,9 % en 2017, 2,7 % en 2018) mais la baisse n’est que de 0,2 % par an contre 0,5 % préconisée avec raison par Bruxelles. La dette culminera à 97,9 % du PIB en 2019 mais, paraît-il, régressera ensuite. Elle est soutenable, car les intérêts sont excessivement bas, même s’ils coûtent quarante-deux milliards par an. Or, les taux se tendent. Ils ont monté en 2017 de 0,5 % à 1,5 %. Cependant, le pouvoir espère que leur hausse ira de pair avec une reprise de l’inflation qui dopera les recettes.
En fait, M. Macron joue aux dés. Si aucune crise n’a lieu pendant les cinq ans de son mandat, il aura gagné son pari. Mais si nous rencontrons un nouveau "trou d’air", la sortie de route de la France sera automatique. La dernière crise date de 2008. Elle était épouvantable. La prochaine sera, sans doute, plus modérée, mais on a rarement connu quinze ans d’expansion économique sans coup d’arrêt.
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