Macron à Amiens : est-ce bien jupitérien ?
Emmanuel Macron entendait redonner tout son lustre à la fonction présidentielle. La parole devait se faire rare, la gestuelle sobre et les déplacements réduits à leur seule dimension régalienne.
D’où le déplacement de ce mercredi à Amiens, dont la médiatisation peut paraître à juste titre incongrue, sachant que nous sommes assez loin de l’historique rencontre entre Henry Kissinger et le timonier Mao Tsé-toung.
Bien sûr, il s’agit de sa ville natale et, lors de sa campagne électorale, il avait promis aux ouvriers de l’usine de Whirlpool, menacés de délocalisation, de venir tôt aux nouvelles. Lesquelles sont plutôt bonnes, le groupe industriel français WN proposant de reprendre l’entreprise en déroute. Emmanuel Macron tient donc les promesses faites à ses électeurs, à défaut d’en faire de même de celles faites aux Français.
Ainsi, le comité d’accueil prévu correspond-il véritablement au jupitérisme proclamé ? Il est permis d’en douter. Le cinéaste et député mélenchoniste François Ruffin devrait faire du François Ruffin. La délégation cégétiste, qui entend manifester contre la réforme du Code du travail, devrait faire de la CGT. Quant à Xavier Bertrand, président républicain de la région des Hauts-de-France, qui a promis d’interpeller le Président à propos du financement du canal Seine-Nord, devrait faire du… Xavier Bertrand.
Ne manque plus qu’on le questionne sur le prix de la baguette de pain, la protection des castors nains en période de basses eaux, la lutte contre la stigmatisation des unijambistes transsexuels et la condition des retraités des douanes tournantes pour que la liste des commissions soit enfin complète. En fait, le mari de Brigitte Trogneux semble se chercher sans pour l’instant se trouver. Être omniprésent tout en se faisant rare, silencieux et volubile à la fois, proche de ces fameux « gens » tout en affirmant sa posture d’homme au-dessus de ces revendications catégorielles traditionnellement déléguées aux ministres compétents en la matière, sachant que le Roi-Soleil n’a pas vocation à jouer les guichetiers, fût-ce en faisant semblant de soigner les écrouelles.
L’intention de ce début de quinquennat était donc louable et Emmanuel Macron a probablement dû se croire un temps Président, avant de se rendre compte qu’à défaut de mener une politique industrielle digne de ce nom, victimes que nous sommes de ces traités commerciaux et européens nous liant les mains et de la pusillanimité de la classe politique française, il pouvait encore jouer aux assistantes sociales. Jacques Chirac avait donné le ton, Nicolas Sarkozy, puis François Hollande, ont fini par en faire un mode de gouvernement. Emmanuel Macron met désormais ses pas dans les traces de ses augustes devanciers.
Faire croire qu’on est un véritable Président et semblant d’exercer un pouvoir qu’on n’a pas est, décidément, un art en soi et un travail à plein temps.
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