Migrants clandestins : nuit et brouillard à Menton
"La comparaison est une éthique" : dixit Mme Esther Benbassa, sénatrice EELV de Paris. "Elle donne de l’acuité au regard de la conscience pour mieux voir le présent à la lumière du passé, au cas où on l’oublierait", explique-t-elle dans une tribune publiée le 23 octobre sur Le Huffpost.
L’impétueuse sénatrice s’est en effet rendue la semaine dernière à Menton, dans les Alpes-Maritimes, pour voir comment se déroule l’interpellation des migrants clandestins qui franchissent la frontière franco-italienne. Précisons que cette expédition a été organisée par le militant gauchiste Cédric Herrou, condamné en appel, on le rappelle, en août dernier à quatre mois de prison avec sursis pour aide à l’immigration clandestine. Et de cette visite in situ, accompagnée d’une équipe de tournage de LCP, la sénatrice se risque à une comparaison osée. Au nom de l’éthique, donc.
"Ce périple a été organisé à ma demande par Cédric Herrou et Pierre-Alain Mannoni, les deux Justes… Je dis bien des “Justes” et non pas des “trafiquants”…", précise-t-elle dans sa tribune, car "ces deux hommes, comme maints autres associatifs, gens simples et courageux, œuvrent à la protection des droits élémentaires des plus fragiles, à l’instar de ces “Justes”… qui pendant le second conflit mondial cachèrent des juifs dans leurs fermes…"
Dans ce cas, si l’on suit cette « éthique » de la comparaison, il faut aller jusqu’au bout. Il n’y a pas de raison. Comparaison n’est pas raison ? Ben si, dit Benbassa. Si Cédric Herrou est un « Juste », alors les tribunaux qui l’ont condamné - en première instance et en appel - sont injustes et ne valent pas mieux que ceux de Vichy. Et le gouvernement de Macron ? Pas mieux que celui de Laval ? Les policiers, que l’on voit dans le film tourné par LCP, sont alors comparables aux policiers français qui livrèrent les Juifs aux Allemands, par lâcheté, par ignorance, parce qu’ils ne pouvaient pas faire autrement. Et le train, d’où débarquent les migrants sur le quai de Menton lors de leur interpellation ? Comparable aux wagons plombés. Mais, alors, où sont les chiens qui aboient, les soldats qui hurlent ? Arrêtons ici la comparaison.
Restons-en là : M. Herrou ne risque pas sa vie dans la nuit et le brouillard. Il va pouvoir continuer à se pavaner au sortir des prétoires. Au grand jour, sous les projecteurs non pas des SS mais des médias.
Un peu de décence, donc, et - soyons fous - un peu de raison.
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