Pourquoi Nicolas Sarkozy redevient populaire
Loin devant son successeur à la tête de son parti, Nicolas Sarkozy vient de faire un retour spectaculaire dans les sondages. La même enquête (Odoxa pour L’Express, la presse régionale et France Inter) qui enregistre le fort regain de popularité du Président Macron le sacre deuxième personnalité politique préférée des Français, derrière Nicolas Hulot.
Comment expliquer ce come-back inattendu d'une personnalité naguère si clivante et qui ne joue actuellement plus aucun rôle ?
D'abord par la situation chaotique de la droite. Ce même sondage indique que Nicolas Sarkozy est la personnalité préférée des sympathisants de droite : 70 %. Loin devant MM. Wauquiez, Bertrand, Juppé, et Mme Le Pen. La faillite de ses rivaux de la primaire, le débat qui a disqualifié Marine Le Pen et l'incapacité des deux appareils à rebondir font de Nicolas Sarkozy, pour les électeurs de droite, la seule figure de référence alliant compétence, expérience et charisme. Le recours. À l'heure où d'aucuns spéculent sur l'union des droites comme seule solution pour les sortir du marasme, le parcours et la stratégie de Nicolas Sarkozy rappellent que lui avait su la réaliser sur son nom, avec un programme et une vision.
Mais si Nicolas Sarkozy retrouve les faveurs des Français, c'est aussi parce que sa doctrine transgressive sur l'immigration, le travail, l'identité, le peuple trouve aujourd'hui en Emmanuel Macron un héritier inattendu. On a dit que l'élection de Macron avait réalisé le vœu centriste d'un Giscard ou d'un Juppé. Mais à y regarder de plus près, ce sont plutôt les intuitions politiques de Nicolas Sarkozy, ses transgressions inabouties, que valide a posteriori la présidence Macron. En soutenant Macron, les Français reconnaissent que Nicolas Sarkozy avait raison sur l'immigration, sur l'identité nationale, sur ce que la France doit dire à l'Afrique et à sa jeunesse, sur les réformes à mener à l’Éducation nationale ou en économie. En particulier les sympathisants de droite sont aussi 70 % à approuver le Président Macron.
On le sait, c'est pour n'avoir pas vraiment appliqué son programme que Nicolas Sarkozy subit le désamour des Français. Mais aussi à cause du lynchage médiatique qu'il eut à affronter. On pourrait multiplier les parallèles entre le revirement des médias le vilipendant naguère soir et matin et encensant aujourd'hui M. Macron pour des propos ou des décisions comparables : Afrique, Johnny, immigration, identité, loi Travail, etc.
Lundi, je dus me pincer en entendant le journaliste d'une radio publique reprendre un représentant d'association pro-migrants refusant que la police les contrôle. Sous Sarkozy, ce même interviewer aurait harcelé le ministre de droite qui serait venu défendre cette mesure de bon sens, et là, c'était lui qui portait la bonne parole sarkozyste – pardon : macroniste !
Les journalistes – qui ont massivement soutenu Macron - sont aujourd'hui les premières victimes prises en tenaille de son « en même temps », contraints de défendre aujourd'hui ce sur quoi ils crachaient hier. Les Français sont plus cohérents et font logiquement monter dans les sondages, dans un même mouvement, Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy. Ils reconnaissent à ce dernier d'avoir vu juste. Il y a pire échec, pour un homme politique, que d'avoir eu raison trop tôt.
Quant à la droite, il ne lui reste plus qu'à inventer son Sarkozy post-macronien. La France pourrait en avoir besoin si M. Macron ne parvenait pas non plus à faire ce qu'il a dit, à cause des contradictions intenables de son programme et de sa majorité. J'apprends, justement, que la tenaille commence aussi à faire mal à l'intérieur de cette majorité parlementaire, avec l'intervention de la députée LREM Sonia Krimi, précisément sur la question migratoire.
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