Macron, Poutine et Orbán, trois vœux présidentiels : entre les trois, mon cœur ne balance pas

La sobriété ne semble décidément pas la marque de fabrique du président de la République. Traits tirés sur un visage étonnamment lisse, regard inexpressif, débit tellement contrôlé qu'on se demande où peut bien se nicher la sincérité, les premiers vœux d'Emmanuel Macron ont été si longs qu'au terme de presque vingt minutes d'allocution, il y a belle lurette qu'on a renoncé à en percevoir l'essentiel. Ou plutôt, si : nous sommes enjoints à nous considérer avant tout comme Européens plutôt que Français dans une "France qui ne peut pas réussir sans une Europe plus forte". La soupe habituelle...

Dans un discours-fleuve de technocrate désincarné, Macron, celui qui aimait s'écouter parler, commence par s'adresser à ses "chers compatriotes" pour rapidement passer, donc, à "ses chers concitoyens européens", tandis que le président de la Russie, lui, s'exprime devant "[ses] chers amis".

Vladimir Poutine souhaite cette nouvelle année "cordiale et désirable" et place la famille en son centre. Il évoque les enfants qui prennent soin de leurs parents, il parle de leurs moments partagés qui permettent aux seconds de mieux comprendre les premiers, il en appelle à soutenir "ceux qui nous entourent". Il demande à sa "Grande Russie bien aimée", et donc à toutes les familles qui la composent, "de se pardonner les erreurs et les offenses, de s'étreindre et de se dire qu'on s'aime". Il souhaite pour chacune d'elles des "changements positifs et que les enfants naissent". C'est beau, ça change...

Quand Poutine parle de l'"amour inconditionnel" que nourrit son peuple envers son pays, Macron, lui, se rêve peut-être bien en futur président européen qui régnerait sur un banal territoire peuplé de citoyens « mobiles » passant leur vie à aller de formation en formation pour répondre "aux nouveaux métiers", d'emploi précaire en emploi précaire, entrecoupés de périodes de chômage. C'est sûr qu'à lui, rien de tout cela ne risque d'arriver !

Quand Macron, ses 13.263 caractères ânonnés enfin terminés, ne trouve rien de mieux, quelques minutes plus tard, que d'en débiter du même tonneau quelques-uns de plus pour les jeunes qui, morts d'ennui, l'auraient zappé, Poutine clôt magnifiquement les siens au carillon des cloches sonnant les douze coups de minuit.

Quand Victor Orbán affirme que "les Hongrois ne se retrancheront pas derrière des blocs de béton et ne regarderont pas leurs femmes et leurs filles se faire agresser", Macron, qui nous assure lutter contre le terrorisme islamiste, prévient, en même temps, qu'il "continuera d'accueillir les hommes et les femmes qui fuient leur pays parce que la France est leur patrie" (sic). Pour écrire pareille ânerie, Macron a oublié de se relire...

Tandis que les ambitions de Macron se résument, pour nos campagnes désertifiées, à "construire l'accès à la téléphonie mobile et au numérique", et qu'il érige le droit d'asile en « devoir moral et politique » sur lequel il ne "céder[a] pas", Viktor Orbán rappelle que le christianisme est une culture et une civilisation ». "S'aimer soi-même signifie que nous aimons notre pays, notre nation, notre famille, la culture hongroise et la civilisation européenne". Déjà que Macron n'a jamais vu l'art français, alors, tout ça...

La France pour laquelle œuvre Macron ? Diluée dans la mondialisation, multiethnique et donc multicommunautariste, sans plus de valeurs ancrées communes. C'est "la Renaissance française" à la sauce Macron. Il va peut-être falloir y réfléchir un jour. À quoi ? À émigrer à l'Est, pardi !

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Caroline Artus
Ancien chef d'entreprise

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