Le patriotisme selon François
Lors de sa récente visite au Chili, le pape François a déclaré, dans un discours prononcé devant la jeunesse venue l’écouter, que "la route vers le Ciel, elle commence les pieds sur terre", ce qui est frappé d’un bon sens que le Saint-Père semble trop souvent oublier lorsqu’il se trouve dans la vieille Europe. Pour reprendre son expression, fouler le sol de son continent natal, à savoir l’Amérique du Sud, lui remettrait-il à son tour les pieds sur terre ?
Le pape est allé encore plus loin, avec ce qui résonne comme un slogan politique universel : "Et si vous n’aimez pas votre pays, je ne crois pas que vous en viendrez à aimer Jésus et à aimer Dieu." Cependant, à défaut de me réjouir trop vite de cet appel à l’amour de son pays, j’entends aussi que ce pape fait la distinction entre « patriotes » et « patriotes chauvins ». Ou comment séparer le bon grain de l’ivraie !
Aussi, que veut dire « donner le meilleur » de soi pour son pays dans l’esprit d’un pape qui invite régulièrement les nations européennes à accueillir ceux-là mêmes qui participent à la déconstruction de ce qui fait justement leur identité ? L’amour charnel de son pays n’est-il pas indissociable de sa substance historique, un amour « chauvin » incessamment bafoué et raillé par les détracteurs mondialistes de la moindre velléité identitaire ? Le pape ne devrait jamais perdre de vue qu’en sa qualité de vicaire du Christ, il a une identité à défendre, et elle est chrétienne.
Souvenons-nous que, parmi les vingt et une mesures qu’il préconise pour l’accueil des migrants, François stipule qu’il faut les "intégrer “sans supprimer” […] leur “identité culturelle” par une “offre de citoyenneté” qui soit “dissociée des capacités économiques et linguistiques” et par une “offre de parcours de régularisation extraordinaire pour les migrants qui peuvent faire valoir une longue présence dans le pays”" (Le Figaro). Ce n’est pas, là, ce qu’on pourrait qualifier d’appel à aimer le pays d’accueil et s’y intégrer pleinement.
Nous sommes, là, à des années-lumière du serment d’allégeance aux États-Unis où chaque naturalisé jure, "par le présent acte, renoncer et faire abjuration d'obéissance et de fidélité à toute puissance étrangère, prince, potentat, état ou souverain, desquels j'ai été le sujet ou le citoyen ; soutenir et défendre la Constitution et la loi des États-Unis d'Amérique contre tout ennemi, qu’il vienne de l’extérieur ou de l’intérieur ; porter à ces derniers une foi et une obéissance entières."
Enfin, peut-on aimer sa patrie si, dans le même temps, on expurge celle-ci de tout ce qui la constitue ? Il y a, là, une contradiction majeure, comme celle d’être le chef de l’Église catholique et se préoccuper un peu trop souvent du sort de ses ennemis déclarés, à savoir ceux qui nous accusent, nous autres catholiques, d’associationnisme. Il est vrai que l’actuel successeur de saint Pierre n’en est pas une contradiction près, et nous à une désillusion.
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