Macron ne saura entretenir longtemps l’illusion

La "droite" française, entre 1981 et 2017, a dirigé le gouvernement français durant seize ans, et la gauche durant vingt ans.

La gauche a globalement mené une politique idéologique de gauche. Laxisme moral et augmentation de la dépense publique ont été les deux axes de sa politique.

La "droite" n'a qu'en de rares occasions conduit une politique vraiment de droite, conservatrice sur le plan sociétal et libérale en économie : quelques mois en 1986, à quelques mesures indispensables sur les retraites en 1993-1995, des discours en 2007, peu suivis d'effets.

Ce déséquilibre en faveur de la gauche se traduit par les mauvais chiffres français, avec un record de la dépense publique en Europe, un taux de prélèvements obligatoires qui place également la France en tête et, pour conséquence, un endettement considérable qui fait de notre pays le 7e le plus endetté de l'Union européenne, et le seul dont la situation se dégradait encore en 2016.

La "droite" n'a pas freiné la course à l'abîme pour quatre raisons : la faiblesse intellectuelle et morale de ses dirigeants ; l'hostilité forcenée de syndicats politisés ou d'organisations diverses liées à la gauche ; une presse très majoritairement critique ; et enfin, il faut le dire, un manque de chance qui a produit une embellie économique mondiale après la stupide dissolution de 1997 et, en revanche, une crise financière également mondiale après l'élection de Sarkozy, en 2008.

La situation actuelle est inédite. Une troisième force s'est emparée du pouvoir en 2017, grâce à une sorte de coup d'État médiatico-judiciaire. Elle est conduite par un homme issu de la gauche, mais plus progressiste que socialiste, et surtout techniquement conscient de la nécessité des réformes structurelles que la gauche ne voulait pas réaliser et que la droite n'a pas eu le courage de faire.

Le sauve-qui-peut des socialistes dont les préjugés idéologiques sont terrassés par la réalité et l'opportunisme des carriéristes de droite se sont donc réunis pour le soutenir. Et on parvient à cette situation étrange d'une politique que la droite n'aurait pas osé entreprendre, et qui risque d'être moins combattue par les forces sociales en même temps qu'elle sera soutenue par les médias. Cerise sur le gâteau, quelques bonnes nouvelles permettent une orchestration positive de la politique gouvernementale : croissance plus forte que prévu, diminution plus rapide du déficit public, hausse des créations d'emplois dans le secteur privé.

J'aurais mauvaise grâce à rejeter l'ensemble des propositions puisque certaines qui sont formulées correspondent à celles que j'avais soutenues sans succès quand j'étais dans la majorité (système suédois de retraites, par exemple, ou travail d'intérêt général comme peine de substitution).

Il faut, toutefois, se garder d'un enthousiasme naïf. L'éclaircie actuelle ne fait que rejoindre celle qui touche la quasi-totalité des pays européens depuis plusieurs années. La France est toujours à la traîne. Son déficit structurel provoqué par la gestion désastreuse des socialistes limite sa capacité de redressement. La cigale française, en multipliant les emplois publics superflus, en diminuant le temps de travail et en développant l'assistance sociale, a créé un système de droits et de prestations sur lesquels il est difficile de revenir sans brutalité.

Au-delà d'une conjoncture favorable et de l'empressement des médias à le soutenir, Macron ne saura entretenir longtemps l'illusion. Les véritables réformes structurelles, si on met entre parenthèses l'abandon de l'euro, devraient viser à une baisse énergique de la dépense publique et de la pression fiscale. Ce n'est pas le chemin emprunté qui a notamment privilégié l'augmentation de la CSG, au détriment des retraités. C'est l'impôt qui sauve le budget, et non la politique de réformes. Aussi la France continuera à être exposée à un retournement de conjoncture. C'est la raison pour laquelle l'idée d'une cagnotte, qui avait déjà été lancée à l'époque de Jospin lorsque celui-ci bénéficiait lui aussi d'une embellie mondiale, est particulièrement loufoque.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/09/2024 à 9:36.
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Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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