Et si on prenait soin des mineurs étrangers isolés dans leurs pays ?

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La loi sur l’immigration a laissé de côté le problème des migrants mineurs, sauf à permettre à leur fratrie de bénéficier du regroupement familial. Ils sont 23.000 et coûtent un milliard d’euros aux départements. Ce sont les Français, y compris les plus modestes, qui paient cette facture salée. Or, la fraude est importante : des majeurs se rajeunissent de quatre ou cinq ans et prétendent avoir perdu leurs papiers ; en Allemagne, on évalue à 43 % le nombre de faux mineurs étrangers. En France, nos services sociaux prétendent que leur enquête d’évaluation, consistant à demander au candidat de décrire sa scolarité et son voyage, est efficace. Ils ne feraient que 15 % d’erreurs, mais est-ce vrai ? De plus, les tests osseux du poignet ne peuvent pas légalement être imposés alors qu’on devrait y avoir recours systématiquement.

Pour 9.000 euros, les passeurs prennent en charge un jeune en Afrique et l’emmènent devant un centre d’accueil. Il peut même choisir le département où il vivra ! Et il fera peut-être venir toute sa famille par la suite. Mais beaucoup, n’ayant pas une telle somme à donner, entreprennent sans passeurs le long et dangereux voyage. Un Malien a expliqué, dans Le Monde, être venu chez nous car son pays l’empêchait de poursuivre ses études jusqu’au bac. Il souhaite entreprendre à nos frais des études supérieures. Sa démarche se comprend, et peut-être qu'à sa place, beaucoup d'entre nous auraient suivi son exemple. Mais 500 millions de jeunes dans le monde n’iront pas à l’université. Si on suit le raisonnement de ce Malien, accueillons-les tous chez nous sans aucune exclusive. Et poussons la logique « humanitaire » jusqu’au bout. Beaucoup trop de migrants meurent noyés ou risquent d’être vendus comme esclaves en Libye. Pour les migrantophiles, cette situation est inadmissible. Ils devraient exiger que ceux qui souhaitent émigrer en France puissent s’inscrire au consulat, où on leur donnerait rapidement un billet d’avion. C’est la seule position éthique et logique pour les « pro-migrants » (les autres attitudes étant hypocrites) mais, bien entendu, elle est absurde.

Sauf à être inhumain, on ne peut renvoyer les mineurs isolés à la rue. Mais pourquoi les garder chez nous ? Et de quel droit séquestrons-nous des ressortissants mineurs d’autres États ? Il s’agit d’une violation des lois internationales, car nous devrions en principe les rapatrier. Faisons-le systématiquement lorsque la sécurité des jeunes sera assurée dans leur pays d’origine (au Maghreb, au Sénégal, etc.). Bien entendu, un Soudanais, un Érythréen ou un Éthiopien restera chez nous, mais les quatre cinquièmes des mineurs seraient renvoyés chez eux. Il est hors de question de les abandonner. Nous superviserons et financerons des foyers où ils vivront jusqu’à leur majorité. Nous pourrons même leur octroyer des bourses pour leurs études supérieures (chez eux). Vu la différence de niveau de vie, le coût de revient sera divisé par dix et redeviendra soutenable pour nos finances.

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Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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