Avec le rejet du plan Borloo, Emmanuel Macron se révèle

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M. Macron continue à mettre, entre la réalité et lui, les préjugés de la caste à laquelle il appartient : le microcosme des dirigeants "progressistes". Le blocage intellectuel autour de l'antiracisme est un signe qui ne trompe pas. Il commence à justifier son rejet, car c'en est un, du plan Borloo sous prétexte que sa mise en œuvre serait issue d'un accord entre deux mâles blancs.

Chacun appréciera cette légitimation des stéréotypes à la mode dans le discours dit progressiste pour éclater la société en identités conflictuelles. Leur utilisation renforce le communautarisme au lieu de le combattre.

L'une de ses propositions consistera, ensuite, à introduire une surveillance de la discrimination dans les embauches des grandes entreprises et il déplorera, enfin, l'augmentation des discours racistes et antisémites. C'est l'antiracisme idéologique dans toute sa splendeur : on insiste sur les différences et on se plaint, ensuite, des conséquences de cette insistance.

La réalité du problème est occultée : l'immigration, qui n'est pas évoquée, fait se rencontrer des groupes de cultures antagonistes que la France ne peut plus assimiler, parce que cela lui est interdit au nom de l'antiracisme, et qu'elle ne peut davantage intégrer, parce qu'elle n'en a plus les moyens ni même la volonté. Quand on apprend qu'un délinquant français d'origine burkinabè se fait massacrer à Pau par un groupe, notamment de jeunes Tchétchènes, on est conduit à penser que le problème n'est pas celui des discours racistes mais celui des comportements de gens dont l'intégration est devenue très difficile, sinon impossible, et dont on peut supposer qu'il serait préférable qu'ils ne soient pas là. Tout le reste est bavardage.

Or, M. Macron est un grand bavard, expert en manipulation sémantique. La politique de la ville a quarante ans. Elle a commencé sous Giscard en 1977 avec cinquante grands ensembles à réhabiliter dans le cadre d'« Habitat et vie sociale ». Quatorze plans plus tard, il y a 1.300 quartiers prioritaires : DSQ, GPU, GPV, SRU, ANRU, ZEP… Depuis le tonneau des Danaïdes, on n'a pas fait mieux.

Alors, notre Président dit qu'il ne fera pas de plan, puisqu'ils ont tous échoué, mais qu'il changera de méthode, comme si la forme était plus importante que le fond. Voilà qui est symptomatique du personnage. Mais, surtout, l'orateur a aussi été banquier et s'est aperçu que sa politique, encombrée de projets non financés, n'allait pas à l'essentiel des priorités : la baisse de la dépense publique. La méthode plutôt que le plan, c'est surtout l'impossibilité de trouver les 48 milliards du plan ! Celle du renard dont les raisins sont verts puisqu'il ne peut les atteindre.

Quant à son contenu, il consiste à recycler les vieilles recettes en nouvelle cuisine, c'est-à-dire avec miniaturisation des contenus : 30.000 stages pour les élèves de 3e, mais diminution des emplois aidés ; opération cœur des quartiers, dont le nom seul est nouveau ; information des maires sur les fichés S, ce classement dont on a éprouvé la grande efficacité ; Agence (une de plus !) nationale de cohésion des territoires… Qu'un Président s'enlise dans ce catalogue de mesurettes dans un domaine qu'il ne maîtrise pas est navrant.

Le comble est atteint avec l'insécurité, cette question qui embarrasse le banquier-technocrate qui a toujours vécu à l'abri du problème, entre Paris et Paris Plages. Alors que des gangs sont, dans certains arrondissements de Marseille, maîtres du terrain, ce n'est pas la police du quotidien ni un renforcement de la lutte contre le trafic de drogue qui vont régler le problème. L'immigration et l'insécurité, dont on ne peut nier la synergie, sont les questions prioritaires pour de nombreux Français, mais les cabinets dont notre Président est issu refusent de les voir.

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Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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