Assiégé, Emmanuel Macron tente une sortie

Siège_du_château_de_Brest

Une semaine qu’Emmanuel Macron était retranché, assiégé au Château. De gauche comme de droite, tous y allaient de leurs pilonnages, de leurs assauts, de leurs mines. Le prince qui, habituellement, faisait le beau du haut de son donjon ou dans la basse-cour semblait se terrer dans la salle d’armes. Depuis que son héraut, le triste sire Bruno Roger-Petit, avait pompeusement claironné que Benalla avait été sévèrement puni - on lui avait, cependant, épargné le pilori -, les sorties de la garde palatine et de ses spadassins en tout genre s’étaient toutes conclues par des échecs cuisants et humiliants : l’Histoire retiendra le très comique troupier Castaner faisant de Benalla un bagagiste. On imagine la colère froide du prince : si j’ai besoin d’un bouffon à grelots, la prochaine fois, je penserai à toi.

Une semaine, donc, qu’Emmanuel Macron était muré. Les auditions en commission semblaient se resserrer sur sa personne. La tour tenue par Gérard Collomb vacillait lamentablement mais les brèches avaient pu être colmatées, vaille que vaille. On avait frôlé la catastrophe avec l’audition du contrôleur général Gibelin mais, mardi, tout était revenu dans l’ordre lorsque ce dernier avait retrouvé, comme par miracle, la mémoire. La preuve qu’à la guerre, il faut aussi avoir un peu de chance… Très difficiles furent les attaques contre l’un des principaux officiers du donjon, Patrick Strzozda, directeur de son cabinet. Un combat rude s’engagea mais, au final, les assaillants ne purent enfoncer la porte cloutée.

Mais l’état de siège ne peut pas se prolonger durablement. Pour Emmanuel Macron, qui a tout construit sur le mouvement, il fallait tenter une sortie. Ce qu’il fit, mardi soir. Il est gonflé, s’est-on dit. Il contre-attaque au moment où on ne s’y attendait pas. On confine au génie militaire ! L’espoir allait-il changer de camp ? À croire que oui, si l’on écoutait la délicieuse Aurore Bergé sur BFM TV. Les gentes dames de la Macronie semblaient reprendre des couleurs. L’émotion était presque palpable sous le bustier de Marlène Schiappa. Cependant, ce ne fut pas Arcole - certes pas Waterloo, pour paraphraser Jacques Brel –, mais la sortie ne restera pas dans les annales des grandes batailles politiques.

De quoi s’est-il agi ? D’une sortie de faible envergure d’Emmanuel Macron pour aller se réfugier dans le camp de La République en marche, sa horde d’or, son caravansérail de campagne, à la Maison de l’Amérique latine où étaient rassemblés les députés de la majorité pour un pot de fin d'année parlementaire. Emmanuel Macron était au milieu des siens. Il n’était pas le président de la République française mais celui de La République en marche. Il n’était pas le chef de tous les Français mais celui d’un clan. Au fond, ce qu’il a toujours été. Et, au milieu de sa meute qui n’en pouvait plus d’émoi, il a fait le matamore : "Le seul responsable, c’est moi, qu’ils viennent me chercher", sachant très bien que, par construction, il est irresponsable. En cela, du reste, ceux qui demandent son audition par la commission parlementaire devraient relire la Constitution.

Et puis, il a pris la posture noble du prince trahi par celui en qui il avait mis toute sa confiance. À ce moment-là, non pas une messe, mais une larme est permise. On remarquera, cependant, la grande mansuétude du prince pour son nervi : découvrant la trahison le 2 ou 3 mai, il garde cependant le favori au Château et ne le chasse définitivement que le 18 juillet. On avait connu un Emmanuel Macron plus fulgurant. Au milieu de son bivouac, Emmanuel Macron s’est même pris à « blagouner », comme François Hollande en son temps : Benalla n’avait pas les codes nucléaires, Benalla n’était pas mon amant… L’on était prié, chez les députés LREM, de sourire, d’applaudir. Une coupe de champagne et retour au Château. Le siège tient encore.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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