Tartufferies et cris d’orfraie : oui, les Français sont pour beaucoup réfractaires au changement !
C’est évident, je ne vais pas me faire ici que des amis… Mais oui, Macron a raison lorsqu’il dit que les Français sont culturellement (l’atavisme gaulois ?) réfractaires au changement.
Certes, le propos est abrupt et il mérite d’être nuancé mais, ayant moi-même une certaine tendance à la provocation, je dirai que c’est pire que cela. En témoigne, ainsi, notre réputation tout à fait fondée de champions de la "gréviculture", notamment avec cette nouveauté inaugurée par la CGT et SUD Rail au printemps dernier : deux jours de grève pour trois jours de travail. Ou celle des nababs d’Air France. Ou nos Nuit debout couchés. Ou Notre-Dame-des-Landes. Ou tous ces gens, de gauche comme de droite qui, depuis toujours, répètent à l’envi « Faut qu’ça pète ! » Comme si la révolution, autre nom de la guerre civile, était une partie de plaisir…
Le changement, donc… C’est vrai, les Français qui avaient rêvé d’élire François Fillon voulaient le voir renverser la table : abolition des régimes spéciaux, alignement des fonctionnaires sur le régime général, promotions au mérite, on en passe et de plus "fascisantes", comme disait le camp d’en face. Les Français qui rêvaient d’élire Marine Le Pen voulaient lui voir rebâtir la France d’hier, celle des Trente Glorieuses et des enfants proprets avec la raie de côté. Les Français qui rêvaient d’élire Mélenchon rêvaient du socialisme de Jaurès et des purges de Robespierre : « Salauds de riches ! Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! » Non, mais. Les Français qui croyaient que Nicolas Hulot serait Robin des bois à l’Élysée rêvaient des vaches sur le Champ-de-Mars, des poulets à Montmartre et des coquelicots aux Tuileries. C’est ainsi que Macron sortit des urnes comme un lapin du chapeau.
Macron a la morgue des gamins à qui tout réussit. Ceux qu’on aimerait claquer parce qu’ils ont reçu l’aisance au berceau avec, en prime, le bronzage doré, les cheveux châtain-blond, les yeux bleus, les baskets toujours blanches, le pull lavande négligemment jeté sur les épaules, le vélo bobo, le tennis le dimanche, la bonne bourgeoisie de province, les bonnes études, les bons réseaux et le package Cendrillon-Maman pour appuyer une carrière hors normes.
L’insupportable, c’est qu’il se fout de tout, Macron. J’entends par là qu’il dit très exactement ce qu’il pense, méprisant totalement cet adage qui veut que « toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire ». Car il énonce des vérités. Des évidences, même. Dès qu’il sort des frontières, il se lâche sur « les fainéants et les cyniques », tacle la France qui, « depuis trente ans, est la seule grande nation européenne qui n'a pas gagné contre le chômage de masse ».
Même pas peur, le Macron ! Comme lorsque, déplorant les difficultés à passer le permis de conduire, il explique la déconfiture des employés de Gad par l’illettrisme : « Il y a dans cet abattoir une majorité de femmes, il y en a qui sont pour beaucoup illettrées ! On leur explique qu'elles n’ont plus d’avenir à Gad et qu’elles doivent aller travailler à 60 kilomètres ! Ces gens n'ont pas le permis ! On va leur dire quoi ? Il faut payer 1.500 euros et attendre un an ? Voilà, ça, ce sont des réformes du quotidien, qui créent de la mobilité, de l'activité ! »
Que croyez-vous alors qu’il arriva ? La même chose qu’aujourd’hui : tartufferies de la classe politique, tous bords confondus, et cris d’orfraie des médias.
Alors, bien sûr, on pourrait retourner la proposition : les Français sont tous pour le changement ! Oui. À condition que ce soit pour le voisin et qu’on ne touche en rien à leurs avantages et leur train-train.
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