Cédric Michel : « Face à l’insécurité actuelle, on s’achemine vers une obligation d’armer la police municipale »

Le responsable de la police municipale de Rodez (Aveyron) est mort, jeudi 27 septembre, après avoir été poignardé, en plein centre-ville, par un individu connu des services de police.

Ce tragique événement relance le débat sur le port d'armes des policiers municipaux, que réclame Cédric Michel.

Le directeur adjoint de la ville de Rodez a été mortellement poignardé. Certains disent qu'il était en charge de la sécurité.
Était-il policier ?

Monsieur Pascal Filoe était attaché territorial. C’est un emploi administratif. Il était chargé de la sécurité en général, mais il n’était pas le responsable de la police municipale. Il n’était pas policier à proprement parler.


Il s’est fait poignarder en pleine journée par un individu connu des services de police qui s’en était déjà pris au portail de l’hôtel de ville.
Cette violence de proximité est-elle de plus en plus présente au quotidien ?

Oui, en particulier dans les villes. Dans toutes les villes de France, on ressent un accroissement de l’insécurité. Les policiers municipaux dont le métier est d'être présents sur l'espace public en permanence, sont exposés de plein fouet à l’insécurité.


Les policiers municipaux sont en général en première ligne. Doit-on les armer encore davantage?

Dans cette affaire, le responsable de la sécurité de la mairie de Rodez a été poignardé à mort. On est profondément marqué et choqué de cet incident. Ce sont des agents de la police municipale qui auraient dû intervenir sur cette affaire-là. L’individu était dangereux. Il s’en était déjà pris à la mairie, parce que la mairie aurait décidé et pris un arrêté lui retirant son chien.
Les policiers sont victimes tous les jours de ce type d’agression. Aujourd’hui, il y a eu un mort. Cela légitimise notre demande d’armement de tous les policiers municipaux.
Évidemment, si le policier municipal n’est pas armé, il ne peut pas protéger sa vie et peut encore moins protéger la vie des administrés.
Aujourd’hui, nous sommes dans une insécurité d’ordre vitale. Ce n’est plus l’insécurité d’il y a 20 ou 30 ans. Aujourd’hui, les individus dangereux n’hésitent plus à poignarder, à assassiner, à tuer au couteau ou par balles.

Robert Ménard avait il y a quelques années armé sa police municipale. Il avait subi des réactions politiques assez outrées. Aujourd’hui, même la mairie de Paris qui était assez hostile à ce système est en train de s’y mettre.
Va-t-on vers une police municipale systématiquement armée ?

Ce sont les conclusions en tout cas les conclusions du rapport Fauvergue. Ils ont repris nos propositions syndicales. La commission du Sénat allait également dans ce sens.
Quand Robert Ménard avait décidé d’armer sa police municipale, je l’avais bien évidemment soutenu à ce sujet-là. J’avais été surpris de la vindicte politique qui s’était élevée contre lui, alors qu’en région parisienne, la moitié des maires de gauche ont armé leur service de police municipale.
Valls a armé la police municipale d’Évry. Presque toutes les mairies du Sud-Est de la région parisienne, de gauche comme de droite, ont armé leur police municipale.
À l’époque je pense qu’il s’agissait plutôt d’un problème d’ordre politique et personnel, car il s’agissait de Robert Ménard plus que de la problématique de la nécessité d’armer les policiers municipaux. Évidemment, on s’achemine vers une obligation d’armer les polices municipales ou du moins une obligation morale.

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Cédric Michel
Président du SDPM, Syndicat de Défense des policiers municipaux.

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