Ségolène aurait-elle perdu le (pôle) Nord ?

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Trident Juncture 18 : ce nom barbare ne dit strictement rien à personne, j’imagine.

C’est le nom de code des plus importantes manœuvres militaires de ces dernières années : plus de 30 pays et 40.000 hommes. Elles viennent de commencer.

Des manœuvres orchestrées par l’OTAN sous les ordres d’un Américain, l’amiral James Gordon Foggo III. L’enjeu : simuler, en grandeur nature, la défense à une attaque dans la région du pôle Nord, là où seront déployées les troupes de l’OTAN en s’appuyant sur la Norvège.

Oh, bien sûr, cela n’a rien à voir avec la Russie. Même si l’OTAN a déjà mené de grandes « simulations militaires » en Pologne et en Ukraine. Cette fois-ci, l’enjeu est mille et une fois plus grave : c’est du contrôle de la région du pôle Nord qu’il s’agit. Ceci est important à un double titre.

D’abord, la fonte des pôles ouvre la route du nord pour les navires allant de la Chine vers l’Europe. Ces gigantesques navires lourdement chargés de conteneurs garnis de la plupart des biens de notre consommation courante diviseront par plus de deux leur temps de voyage. Les Chinois sont particulièrement sensibles à ce sujet, on peut le comprendre : c’est le versant nord de « la route de la soie ». Et, d’ailleurs, cela rendra caducs les passages via le canal de Suez (dont vit largement l’Égypte) et le détroit de Malacca (problème pour Singapour). Les Russes, alliés des Chinois dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS), sont naturellement disposés à assurer la sécurité de ces nouvelles routes maritimes du nord qui passent « par chez eux » - il suffit de regarder une carte pour s’en rendre compte.

Ensuite, il y a l’enjeu des gigantesques ressources naturelles qui seront libérées par la fonte des glaces. Géologiquement parlant, ces territoires doivent revenir à la Russie puisqu’ils s’inscrivent dans le plateau continental sibérien. Les Russes ont déjà planté leur drapeau dans le sous-sol, mais les Américains ne l’entendent pas de cette oreille et s’appuient logiquement sur l’OTAN pour intervenir dans la zone et y créer des bases (c’est une manie américaine d’avoir des bases un peu partout dans le monde : ils en ont environ 800, tandis que les Russes privilégient les sous-marins et « la guerre hybride »).

Le pôle Nord, c’est donc déjà un enjeu stratégique mondial.

Vous, je ne sais pas, mais j’aimerais bien entendre Ségolène, notre ambassadrice des pôles, s’exprimer sur cette question. Est-elle seulement au courant de ces « grandes manœuvres » ?

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Patrick Robert
Chef d'entreprise

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