Bibi, Doudou et le Bololo

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Décidément, ça se relâche, « au niveau » du langage en Macronie septentrionale. La semaine dernière, Emmanuel Macron expliquait aux vraies gens croisées dans son itinérance mémorielle que l’augmentation du prix du carburant, c’était pas que sa faute à lui : "Le carburant, c’est pas Bibi." Emmanuel Macron, un nostalgique des lectures de Bibi Fricotin et des Pieds Nickelés ? On le croyait plus versé dans Genevoix, Char et consorts. C’est qu’il nous aurait caché son jeu, le Manu ! Cela dit, quand on dit « Messieurs-Dames » en introduction d'un discours très officiel comme quand on va chercher le pain…

À se demander, d’ailleurs, si dans le panthéon littéraire secret d’Emmanuel Macron, il n’y a pas un petit coin pour Frédéric Dard. En effet, le père de San Antonio adorait le mot « bibi ». "Le gars bibi, autrement dit le pote mézigue, dit ma pomme, dit mégnace re-autrement dit le petit San Antonio à ces dames… Bibi mézigue, héros incontesté des sous-littératures… Bibi-la-crème… Pour Bibi, la fiesta continue…"

Bon, faut reconnaître que ce ne fut pas vraiment la fiesta pour Bibi durant cette semaine de dingue, trimbalant sa caravane insolite de ville en ville tel Kiri au bon vieux temps de l’ORTF. Bibi ne savait plus où donner de la tête, naviguant à vue entre verticalité et horizontalité, offrant son profil d’aiglon à l’Histoire ou son coup au bistrot du coin comme le gars qui fait sa première élection cantonale. Il s’est même décarcassé pour trouver du boulot à tout le monde, vu que pour les écrouelles, aujourd’hui, on a la Sécurité sociale. "Y veut travailler à temps plein, donc on va débrouiller l’affaire avec son employeur. On va regarder tout de suite. La jeune fille, elle veut avoir une formation. Y disent qui z’ont pas assez d’élèves à Péronne. On peut régler ça tout de suite ?" Le préfet avait mis sa casquette et ses gants blancs pour poser des chrysanthèmes, voilà qu’on lui demandait de faire assistant-conseiller à Pôle emploi.

Bibi est rentré à Paris et Doudou a pris le relais. Doudou, c’est le Premier ministre à Bibi. Ce mercredi matin, il était à RTL avec, pour objectif, de désamorcer la bombe qui pourrait péter avec ces drôles de gilets jaunes. La veille, Castaner, dans le rôle du méchant, prévenait le bourgeois qui aurait des velléités de jacquerie sabbatique au lieu d'aller pousser le caddy : "Partout où il y aura des blocages, nous interviendrons." Donc, Doudou, dans le rôle du gentil, revêtu de son plus beau sourire de vendeur de bagnoles, est venu faire ses offres commerciales. La prime d’aide à la reconversion était de 2.000 euros ? Eh bien, Madame, je vous offre beaucoup mieux. Dites un chiffre. 2.500 ? 3.000 ? Non, je casse la baraque. 4.000 euros. Sous condition de ressources, évidemment. Mais avant de replier son stand et de distribuer les objets promotionnels, Doudou prévient les gilets jaunes. Attention, faut respecter la loi. Faudrait voir à pas mettre le "bololo".

Le bololo ? Pour les plus anciens, on connaissait les beaux lolos de Gina Lollobrigida. Rien à voir. Personnellement, avec plus de trente ans de service sous l’uniforme, j’avoue que je connaissais. Mais le pékin moyen ? Le bololo, en langage militaire, ça veut dire le bordel, tout simplement. L’expression aurait été importée d’Afrique, plus précisément du Tchad, du nom d’un quartier de N’djaména. Il est vrai que Doudou a fait son service militaire, à la différence de Bibi...

Entre Bibi, Doudou et son bololo, allô Maman bobo.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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