Eudes Baufreton : « Pour répondre à la révolte fiscale des gilets jaunes, le gouvernement dépense un peu plus ! »

Le coût du grand débat a été révélé : il s'élève à douze millions d'euros. Encore une dépense inutile ? Eudes Baufreton réagit au micro de Boulevard Voltaire.

Vous êtes directeur de Contribuables associés. Cette association à pour but de lutter contre le gaspillage de l’argent public. Hier, Sébastien Lecornu a annoncé le coût du grand débat qui a atteint les 12 millions d’euros.
Pensez-vous qu’on soit là encore, dans une dépense inutile de la part du gouvernement ?

Je rappelle que le grand débat est la conséquence du mouvement des gilets jaunes. À l’origine c’est une révolte fiscale. Les gens paient trop d’impôts à travers les taxes sur les carburants. Les impôts et les taxes sont donc la conséquence du niveau de la dépense publique.
Finalement, pour répondre à cette révolte fiscale, le gouvernement dépense toujours un peu plus.
Le coût de l’organisation du grand débat, ces fameux 12 millions d’euros, sont presque anecdotiques par rapport aux plus de 10 milliards d’euros qu’Emmanuel Macron vient de lâcher en cadeau. Pourquoi dit-il que c’est un cadeau ? Parce que cela ne résoudra en rien le problème.
Très ponctuellement cela va calmer les esprits et encore… Mais les réformes structurelles de fond qui visent à réduire les dépenses publiques, elles, ne sont pas menées.
L’augmentation des taxes sur les carburants devait représenter entre 2018 et 2022, 46 milliards d’euros pour les Français, dont seulement 10 milliards seront affectés à l’écologie et 36 milliards serviront à éponger les déficits des budgets. On voit bien que le nerf de la guerre est de maîtriser un budget de dépense.
De ce point de vue là, l’État n’a pour le moment rien proposé en terme de réformes et de projets de maîtrise de dépense.

Le mouvement des gilets jaunes est un mouvement anti-fiscal.
Une telle dépense ne risque-t-elle pas d’accroître leur colère ?

Je ne sais pas si elle va l’accroître ou non. Mais ce qui est sûr c’est que ça ne va pas résoudre le problème à court terme. Ce qu’il va falloir voir maintenant, c’est toujours la même chose, la dépense est-elle utile ou inutile. Pour sortir de la situation, Emmanuel Macron a proposé ça.
J’entends évidemment qu’on nous explique que c’est la démocratie et que le grand débat serait la démocratie. Emmanuel Macron a été élu deux ans plus tôt sur un programme pour mener un certain nombre de réformes pour redresser la France, qu’il n’a d’ailleurs pas menées.
Quand le peuple s’exprime, c’est toujours bien. Le vrai moyen pour que le peuple s’exprime c’est de mettre en place des referendums d’initiative populaire ou citoyenne. Les gens seront régulièrement interrogés sur des programmes de dépenses qu’ils votent ou non, parce que ce sont eux qui les payent. On n’aura pas besoin d’organiser ces ‘’simulacres’’ de démocratie.
Nous, Contribuables associés, avons publié puisque ça existe, donc autant le faire.
En réalité, la clé du problème n’est pas ici. Le gouvernement sait, Contribuables associés sait et les Français savent aussi qu’il faut mener des réformes de fond, notamment, les réformes territoriales et de la fonction publique. Il faut également évaluer les dépenses sociales qui ne sont globalement pas maîtrisées, autrement dit, la redistribution en France. Ce sont des vrais sujets de fond auxquels il faut s’attaquer, mais pour le moment il n’est pas question de cela...

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 06/04/2019 à 14:36.
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Eudes Baufreton
Directeur général de Contribuables associés

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