Emmanuel Macron, fin du grand débat : la tension perpétuelle ?
La fin du grand débat sonne bien creux : que ce soient les politiques, les gilets jaunes (qui sévissent en France depuis le 17 novembre dernier) ou bien les éditocrates, aucun d’eux n’a réellement cru aux vertus de cette initiative toute macronienne, tant sur le fond que sur la forme. Les discussions sans fin sur les chaînes d’information en continu agissent tel un bourdonnement sourd pour anesthésier « les classes laborieuses » (dixit le Président, le 25 novembre dernier). Ici et là, sur le territoire national, de Paris à Toulouse en passant par Nantes et Bordeaux, ça gronde et ça s’enrage devant les forces de l’ordre. Parce que rien n’y fait : Macron fait son show, y compris devant des écoliers (le 28 mars dernier). Ainsi, un enfant parmi des enfants. Mais aussi force et déshonneur. En attendant, les startupers applaudissent et les baby-boomers se fascisent. À l’évidence, le jeune loup n’est jamais avare d’une bonne idée pour instaurer, dans le pays, un climat malsain : « l’imagination au pouvoir ».
L’ordre libéral-libertaire doit, de fait, accomplir jusqu’au bout son darwinisme social. La France vit, sans doute, sa plus grande crise sociale depuis le début de la Ve République. Mais tant que les Black Blocs cassent, le gouvernement peut rester en place. Le projet d’électriser les humeurs constitue le fonds de commerce d’un pouvoir sans sens du devoir. Dans les faits, l’ultragauche libertarienne, pour qui il est interdit d’interdire, demeure et demeurera le meilleur allié d’une oligarchie pour qui on ne doit jouir que pour jouir. De Cesare Battisti à la "Strausskahnie", il y a, en effet, Bernard-Henri Lévy, le philosophe attitré de Saint-Germain-des-Prés qui avait pris la défense du terroriste italien à travers une lettre ouverte adressée au président brésilien Lula (datée du 6 décembre 2009).
De la gauche « beubeu » à la gauche « coco » – ou de la beuverie à la cocaïne –, il n’y aura jamais qu’un pas. Pour les Macron « and Co. », l’ego ne saurait être de trop. Ou, de Sibeth Ndiaye – la nouvelle égérie de la Macronie qui mâche son chewing-gum à l’Assemblée nationale – à Alexandre Benalla (l’ex-chargé de mission de l’Élysée, touche-à-tout et ex-épaule d’un Président accro au dérapage contrôlé), il faut que ça casse comme « Brice de Nice ». L’électeur français s’était adapté à la grossièreté, il adorera la vulgarité. De fait, notre pays ne ressemble plus qu’à une cage d’escalier. Et puisque l’ascenseur (social) est constamment en panne, on se résigne à affronter le regard haineux des meutes en esquissant un signe de reconnaissance, et ce, au nom d’un tacite laissez-passer parce que « je vis depuis longtemps dans la cité ».
Lorsque Emmanuel Kant, figure allemande des Lumières, avait publié son Projet de paix perpétuelle pour vanter les éléments constitutifs de la démocratie représentative, aurait-il pu penser que ce même régime deviendrait un sublime marécage ? Car, aujourd’hui, les crapauds sont bel et bien de sortie. Les Lumières ont commis l’erreur majeure de confondre l’humanisme avec la sagesse : l’apologie de l’être humain avec l’art de la mesure. C’est ainsi que le « kaos » devait prendre le pas sur le « logos ».
Assurément, Emmanuel Macron n’a pas été mandaté par ses actionnaires pour être le garant de la paix. Car, coûte que coûte, l’angoisse savamment orchestrée doit dissoudre la moindre parcelle de volonté d’unité.
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