Notre-Dame de Paris est un héritage auquel Emmanuel Macron n’a rien compris
Mardi 16 avril, alors que la nation française communiait dans la douleur et l’espérance, le président de la République déclara gaillardement sa volonté de voir Notre-Dame reconstruite en cinq ans. Dès le lendemain, il réunit à l’Élysée les ministres et les différents acteurs du chantier qui s’annonce afin d’accélérer le processus de reconstruction et tenir son imprudent engagement. Les limites s’effacent face à la présidence jupitérienne.
Peu importe que les architectes mettent en doute ce trop ambitieux projet et appellent à prendre le temps de la reconstruction. Peu importe, encore, que des historiens de l’art et des architectes du patrimoine expriment leur révolte et leur désarroi suite à un incendie qui aurait, peut-être, pu être évité si les dotations pour la conservation du patrimoine n’avez pas été constamment revues à la baisse. Il est bien temps, aujourd’hui, de prononcer un discours (qui se voulait sans doute historique ?) et de capitaliser sur le malheur d’un peuple alors que le patrimoine de France est laissé en déshérence.
Si l’impéritie de nos politiques ne saurait nous surprendre, l’ardeur communicante d’Emmanuel Macron à vouloir reconstruire au plus tôt Notre-Dame interroge sur l’abysse qui nous sépare du temps où nos ancêtres se firent bâtisseurs de cathédrales. Rebâtir Notre-Dame est une nécessité impérieuse qui sera, espérons-le, le signe d’une renaissance de l’esprit français. Mais cet empressement de l’exécutif méconnaît fondamentalement les raisons qui ont poussé les chrétiens du bas Moyen Âge à élever un monument tout entier dédié à leur foi.
Car Notre-Dame n’était pas qu’un ensemble de pierres, de poutres et de vitraux que nous pourrions relever à coup de millions, elle était une prière tournée vers le Ciel, un acte de foi qui rassemblait les fidèles en une même ferveur, une marque terrestre du royaume de Dieu. Le XIIIe siècle, qui vit l’achèvement de la cathédrale, fut le siècle de Saint Louis et du plus grand épanouissement de la chrétienté médiévale. L’art gothique qui donnait aux hommes du temps les moyens d’élever des voûtes toujours plus haut symbolisait leur sentiment exalté de dépasser les limites humaines dans un univers ordonné par Dieu. Les formes grandioses et les décorations splendides, les lumières perçant à travers les vitraux présentaient aux fidèles l’image de la Jérusalem céleste.
Notre-Dame, dont l’édification s’étala du XIe au XIVe siècle, sera donc reconstruite en cinq ans, selon Emmanuel Macron. Mais l’incapacité de notre Président à en comprendre le sens profond en dit long sur un présent rongé par l’utilitarisme. L’hybris présidentielle ne dépasse plus les limites humaines ad majorem gloriam dei comme au XIIIe siècle, mais par orgueil. Notre-Dame de Paris est un héritage que nous ne comprenons plus, et la précipitation d’Emmanuel Macron à la reconstruire en est le signe le plus manifeste.
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