Guillaume Bernard : « Élections européennes : la dynamique est du côté de la droite…elle n’est pas morte ! »

Guillaume Bernard

Le débat télévisé opposant Jordan Bardella (RN) à Nathalie Loiseau (LREM) a été très suivi, en cette fin de campagne des élections européennes.

Au micro de Boulevard Voltaire, Guillaume Bernard analyse les enjeux de cette élection et les forces en présence. Il remarque, en particulier, que les différentes tendances de la droite sont en progression.

Nathalie Loiseau et Jordan Bardella se sont affrontés, mercredi, lors d’un débat télévisé extrêmement suivi. On s’oriente donc bien sur une revanche du second tour de la présidentielle.

Oui, mais avec tout de même une élection un peu différente. Le taux de participation est beaucoup plus bas, les enjeux différents, et avec les doublures des chefs des partis politiques. Mais il est certain que cette élection permettra d’envisager la suite des opérations. Les élections locales, municipales, cantonales et régionales seront extrêmement importantes pour la préparation de la présidentielle.

Jordan Bardella et François-Xavier Bellamy sont deux jeunes personnalités politiques et leurs parcours de campagne sont sans faute. Partagez-vous cette analyse ?

Incontestablement, le côté droit du spectre politique a fait preuve de nouveauté. Les seules listes qui ont progressé, par rapport aux intentions de vote qui étaient données il y a un an, sont les listes de droite.
LR avait été donné à 10 %. Aujourd’hui, la liste dirigée par François-Xavier Bellamy est donnée autour de 15-16 %.
La liste du Rassemblement national avait été donnée, il y a un an, aux alentours de 17-18 %. Elle est, aujourd’hui, à 22-23 %.
Grâce à leurs têtes de liste, la progression électorale est du côté de la droite. C’est extrêmement intéressant. LREM stagne et peut-être même régresse. De l’autre côté, la droite progresse dans l’électorat. Cela dit, il ne faut pas oublier que le taux de participation risque d’être extrêmement bas. Même avec une progression électorale, ces partis auront sans doute moins de voix qu’en 2014. Ils risquent d’avoir des pourcentages inférieurs à ce qu’ils avaient fait en 2014 avec un taux de participation plus élevé.
En revanche, il faut tout de même noter que la dynamique est du côté de la droite. Contrairement à ce que pourraient penser les différents protagonistes de la vie politique professionnelle, la droite n’est pas morte. Ni le Front national ni LREM n’ont réussi à siphonner LR.
Nous nous retrouvons devant une situation extrêmement importante. Si elle le voulait et si elle s’organisait pour le faire, la droite pourrait constituer une force politique alternative à Macron et pourrait battre Macron.
Aujourd’hui, malgré son affaiblissement et malgré le fait que Nathalie Loiseau fait une campagne de mauvaise qualité, le positionnement central d’Emmanuel Macron lui permet de capter les modérés des deux camps. Cela lui donne une certaine assurance-vie pour la prochaine présidentielle.
Il n’y a que par la recomposition du spectre politique que la droite pourra regagner l’élection présidentielle.
Je suis atterré par le comportement d’un certain nombre de militants des différents camps de droite qui, au lieu de se réjouir de ce que les différentes tendances de la droite progressent, ne cherchent qu’à s’attaquer. Soit ils font des procès d’intention à François-Xavier Bellamy, soit ils considèrent que toute critique contre François-Xavier Bellmay serait attentatoire à sa dignité. Je suis effaré par ce manque de stratégie politique et de consensus que la droite pourrait trouver dans la constitution d’une nouvelle force politique alternative.

La dernière semaine de la campagne européenne va être marquée par le débat autour de Vincent Lambert. Ce débat autour de la fin de vie pourrait-il être un thème de campagne abordé par les candidats au cours de ces derniers jours ?

Je le souhaite. Il est bien évident que le cas de Vincent Lambert est fondamental. Derrière son cas personnel, il y a tout un enjeu de société et de civilisation. Le fait que l’on puisse vouloir délibérément assassiner quelqu’un en le faisant mourir de faim et de soif alors que cette personne n’est pas en état végétatif mais est tout simplement handicapée, je crois que cela mériterait que les têtes de liste prennent clairement position sur cette question.
François-Xavier Bellamy l’a apparemment fait. Jean-Frédéric Poisson a, lui aussi, pris position de manière très explicite et intelligente dans Le Figaro, il y a peu. Il faudrait souhaiter qu’un enjeu de civilisation aussi important - l’espérance, la défense de l’innocence, la défense de la dignité de la vie - devienne un sujet important dans la fin de cette campagne. C’est surtout important pour sauver la vie de Vincent Lambert, qui risque d’être euthanasié en début de semaine prochaine.

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Guillaume Bernard
Politologue et maître de conférences (HDR) de l’ICES

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