Union européenne : la non-démocratie

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On veut faire l’Europe sans les peuples, et même contre les peuples, ces dèmos qui se confondent avec les nations et sans lesquels il n’y a pas de démocratie possible. Ce mot à l’étymologie grecque est clair : le gouvernement du peuple. L’Union européenne prend un autre chemin. Mais elle le fait à travers des élections, les unes bonnes lorsqu’elles vont dans le sens de l’engrenage, les autres mauvaises quand elles freinent celui-ci.

Et c’est la Grèce qui en donne aujourd’hui l’exemple. Bien qu’Athènes soit la prestigieuse capitale de ce petit pays, et rappelle la « démocratie antique », celle de Périclès et des citoyens assemblés sur l’Agora pour décider de leur destin, ce que vit la Grèce depuis 2008 - et, en fait depuis son entrée dans la zone euro actée avec deux ans de retard en 2001, malgré une dette très supérieure aux critères de Maastricht - est aux antipodes de la démocratie. En 2001, les socialistes sont au pouvoir et leurs amis qui sont également aux commandes dans d’autres pays, comme la France, les aident à entrer en fraude. En fait, les données économiques avaient été falsifiées, et jamais la Grèce n’aurait dû accéder à l’euro. L’alternance a ensuite joué au profit de la « droite », puis d’une coalition, tandis que les mesures draconiennes imposées par la Troïka (Commission-BCE-FMI) s’abattaient sur le pays qui, poussé à bout, confia le pouvoir à l’extrême gauche, pensant que celle-ci s’opposerait à la purge. Il n’en a rien été. Tsípras et SYRIZA ont pris goût au pouvoir et, après deux années de récession, en 2015 et 2016, ont géré le pays suivant la médecine dure de la technocratie européenne. Des résultats positifs sont apparus : le chômage est descendu de 23 à 18 %, mais il y a 38,4 % de pauvres, car l’emploi créé est dominé par le travail temporaire ou à temps partiel.

Aujourd’hui, les Grecs vont à nouveau élire une majorité « conservatrice », appartenant au Parti populaire européen. La révolte s’étant métamorphosée en soumission, les Grecs jugent plus prudent d’accepter la soumission avec des gens qui l’ont toujours prônée et qui seront mieux perçus à Bruxelles. La Grèce est un bon exemple de peuple à qui on a fait perdre l’habitude qu’il pouvait choisir son destin.

Pendant ce temps, les gouvernements ont décidé quelles étaient les potiches qui allaient bénéficier du jeu de chaises musicales de Bruxelles et Strasbourg. Même Juncker a critiqué l’intervention des exécutifs nationaux qui sont passés au-dessus des élections européennes. Un compromis boiteux a donc été trouvé : il paraît remettre en piste le duo franco-allemand à travers deux femmes. Ce qui est bon pour la communication n’est qu’une apparence. Mme von der Leyen est l’objet de nombreuses critiques en Allemagne, et on se retrouve avec une Europe-refuge, comme c’était le cas pour Juncker et Tusk, tous deux battus dans leur propre pays. Ce sera le cas, aussi, pour le successeur de Tusk, le Belge Charles Michel, qui vient de perdre sa majorité. C’est encore un Italien qui a été élu président du Parlement, mais il est un opposant dans son pays. Quant à Christine Lagarde, reconnue coupable de négligence à propos de l’affaire « Tapie » mais dispensée de peine par la Cour, il est étonnant que cet « arrangement » n’en tienne aucun compte. Le jeu compliqué des États et des partis s’est donc déployé alors qu’il n’y a pas eu d’élections européennes mais des élections nationales dites européennes. Les élus regarderont la machine continuer son œuvre. Les gouvernants se féliciteront de cet alibi constant à leur inaction.

Quant aux peuples, ils sont invités à s’asseoir sur leur identité, à accepter leur remplacement et, surtout, à ne pas croire que l’Europe est un processus démocratique. Ils risqueraient d’être déçus.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:24.
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Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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