L’économie : une science ?

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Marc Rousset, dans vos colonnes, stigmatise avec justesse et brillant les dérives financières : taux nuls ou négatifs, épargnants lessivés, statistiques douteuses, choix économiques aberrants... mais qu'en dit la science économique ?

Je ne crois plus depuis longtemps à cette science - une immense cuistrerie, bien plutôt. Le démontrer ? Autant prendre un bain de minuit dans le rail d'Ouessant. Outre les rentiers (oui, rentiers) de la profession, on se mettrait à dos les politiques, pour qui les économistes et leur prétendue science sont devenus des pères fouettards de l'opinion bien plus efficaces que les moralistes d'antan (DSK, Raymond Barre, salut à vous !).

Qui dit science dit lois ; lois inviolables assorties de corrections, de retours nécessaires à l'équilibre. Je ne vois, ici, pas d'autre loi à l'œuvre que l'expédient, la fuite en avant indéfinie. Sans lois, donc, pas de science ; pas de justice non plus ; rien que de la politique. La politique n'est-elle pas, comme l'aéronautique avec la chute des corps, l'art de repousser les corrections évidentes.

Retirez, mentalement, à la science économique tout ce qu'elle s'est approprié (souvent sous un vocabulaire cryptique) des disciplines et des métiers voisins : histoire, géographie, comptabilité, droit, administration, statistiques, commerce, spéculation, banque, manipulation monétaire (oublions ses singeries matheuses)... Que lui reste-t-il, alors ? Ai-je besoin de ses lumières pour savoir qu'un diamant est plus coûteux que le graphite de mon crayon ?

Ne soyons pas injuste. Elle nous a appris que le temps est de l'argent. L'un de ses fleurons est, d'ailleurs, la prise en compte du temps par un taux de décote des valeurs futures, éclairant ainsi nos grands choix. Quid, pourtant, si les taux de décote sont durablement nuls ou négatifs, comme de nos jours ? Le temps n'est donc plus de l'argent, patatras ! et tous ses savants calculs lui reviennent en pleine figure.

Aéroports de Paris, par exemple, comme la Française des jeux, garantissent des revenus quasi éternels. Décotés par un taux quasi nul, ces revenus confèrent à ces entreprises une valeur quasi infinie. Les vendre à un prix inférieur, les vendre tout court, ce n'est donc plus de l'économie rationnelle, c'est de la politique, de la politique pure. Une politique qui n'est peut-être même plus aux mains des politiques. De la politique, donc, ou autre chose...

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Marc Vergier
Cadre d'entreprise à la retraite

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