PMA : le retour du père
La vérité sort de bouches autorisées. Souvenons-nous : le 5 novembre dernier, Agnès Buzyn, invitée de LCI, rappelait qu’il n’était pas question, dans la loi de PMA, de nier « le père biologique qui existe évidemment, mais de ne pas mettre en cause les droits de succession : les donneurs ne se retrouveront pas avec 1.000 enfants. » Mme Mecary dénonçait aussitôt un abus de langage « digne de LMPT » ainsi qu’une « grande confusion mentale ». Quand comprendra-t-on, dit-elle, qu’« un donneur ne peut jamais devenir père, avec ou sans levée d’anonymat ? Car les mots ont un sens. » Et d’ajouter : « À votre disposition pour aborder ces sujets, Agnès Buzyn. » Toujours la remarque aimable, Maître Mecary. Mais il est vrai que l’article 311-19 du Code civil dit : « En cas de tiers donneur, aucun lien de filiation ne peut être établi entre l’auteur du don et l’enfant issu de la procréation. »
On penserait que la levée de l’anonymat répond au droit de l’enfant. Sauf qu’il n’est pas question de lever l’anonymat du donneur à la naissance de l’enfant. Il s’agit de l’accès, à 18 ans, à des données non identifiantes, avec l’accord du donneur, « grâce à une commission d’accès aux origines entre demandeurs et Agence de biomédecine (ABM) dépositaire des données ». Selon Mme Buzyn, « l’anonymat est préservé et le voile, levé sur la filiation pour les enfants “nés de dons qui en feront la demande et auront accès à leur histoire” ». Ce qui s’appelle « humaniser la filiation ». Les mots ont bien un sens : un « orphelin » est privé de père pendant 18 ans.
Selon L’Obs du 4 octobre 2018, la levée de l’anonymat, parce qu’elle donne souvent une place envahissante au « père », est, elle-même, source de problèmes. Pour laisser sa place au « père social, » le secret est donc préférable. Mme Mecary avait donc raison de dire, un jour, que l’anonymat évitait au donneur d’être père. À voir le nombre de cliniques de fertilité dans nos villes, on comprend l’intérêt de garder l’anonymat pour la santé du Grand Marché Anonyme de la Procréation.
Quel pouvoir autrui s’arroge sur un enfant par une naissance technicisée dont l’origine est à demi-(dé)voilée ! Pour M. Touraine, l’accès aux origines répondra « à une souffrance de l’enfant ». En parlant du recours au « pédopsychiatre nécessaire », il avoue que cette naissance est un traumatisme. Sans parler des fantasmes que ce voile va entretenir : « Et si mon père était... ? » Quelle déception, à l’âge de 18 ans !
Dans un Figaro récent, Guillaume Drago, professeur de droit public, estime que l’expression « débat apaisé » cache une grande violence : politique, idéologique, sociale, et que le débat parlementaire est verrouillé d’avance par diverses dispositions. L’évêque de Nanterre dit, de son côté, dans Le Figaro du 26 juillet : « Les transgressions éthiques engendrent à terme la violence sociale. » Que dire de ce stock de gamètes que l’on va détruire pour en reconstituer un autre « aux normes de la nouvelle loi » ? Sans parler des embryons surnuméraires. Car cette loi, non seulement officialise l’orphelinat, mais ouvre à l’eugénisme.
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