Chante, Maurice !

coq

Maurice a gagné son procès ! Le tribunal d’instance de Rochefort (Charente-Maritime) a, en effet, débouté les mauvais coucheurs qui lui demandaient de le faire taire au motif qu’il troublait leur repos. Voici une excellente nouvelle pour Maurice et pour tous ceux qui protègent notre mode de vie.

Maurice est un magnifique coq de Saint-Pierre-d’Oléron. Dans cette petite ville, les jardins sont parsemés de potagers et de poulaillers. Logiquement, on y trouve des coqs. Et la nature du coq l’incite à chanter dès potron-minet. Ce coq devenu, au fil des siècles, un emblème de la France, ce coq gaulois n’a jamais gêné personne jusqu’à une époque récente. Mais voilà, depuis que les citadins transportent les villes à la campagne, comme le suggérait Alphonse Allais, les plaintes se multiplient.

Les cloches tintent, rythment les journées, et l’angélus fait vibrer les toitures trois fois par jour. Les vaches paissent et meuglent, c’est leur manière de digérer. Les chiens aboient, surtout l’été, lorsque les caravanes passent. Les poules, les canards, les oies, sans compter les animaux sauvages, tout ce bestiaire s’exprime et donne vie à notre pays. Quoi de plus normal ?

Les grincheux qui se plaignent du bruit sont, généralement, ceux dont les gentils pavillons standardisés insultent les vieilles façades de pierre. Dont les antennes paraboliques dressées vers les étoiles n’en captent que celles de Hollywood. Dont les deux ou trois voitures par couple occupent la voie publique. Dont la radio débite de la musique de supermarché entrecoupée des commentaires de niveau bac moins douze. Il ne faut pas les déranger. Ils sont ici chez eux, sans aucun égard pour les populations qu’ils envahissent. Ils revendiquent leurs droits.

Le droit ne protège pas les imbéciles. Il sanctionne les troubles anormaux de voisinage. Et, parce qu’il date du Code Napoléon, il ignore ces pisse-froid que trouble le chant du coq. Dans un immeuble haussmannien, Maurice ne serait pas à sa place. Il aurait été condamné au silence. Sur l’île d’Oléron, il est chez lui. Il n’est donc pas anormal que son chant réveille les voisins. Mais cette histoire, qui n’est pas la première, est révélatrice d’un changement de civilisation. Pour un certain nombre de nos concitoyens, leur droit à la tranquillité prime sur celui des autochtones à vivre comme ils l’ont toujours fait. La société leur a appris l’égoïsme, le consumérisme, le moi d’abord. Ils sont incapables de concevoir autre chose. L’âne brait dans le champ d’à côté ? C’est intolérable. Les cloches annoncent les heures et appellent les chrétiens à une humble prière immortalisée par Millet ? C’est une atteinte à leurs droits. Et, d’ailleurs, que savent-ils de Millet ?

Chante, Maurice ! Chante ! Rappelle aux Français que leurs ancêtres se levaient grâce aux tiens, au seuil d’une longue journée de labeur. Apprends à ces râleurs que leur pays est l’œuvre de millions de paysans dont le travail patient et rude a façonné nos paysages. Chante encore pour exalter la campagne, la ruralité et notre patrimoine. Chante ! Pour réenraciner la France dans son histoire. Chante ! Pour renvoyer d’où ils viennent ces gens dépourvus de racines, de profondeur et tout simplement d’âme française.

Quant aux plaideurs dont le juge a cloué le bec, ils sont agriculteurs retraités. De quoi rougir de colère !

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