Taxe carbone : le grand retour ?

carburant pompe

Mme Chiroleu Assouline est centralienne et professeur à l’École d’économie de Paris. Brillante, elle est une experte dans son domaine et est probablement fort compétente. Dans le quotidien L’Opinion, elle plaide pour que la taxe carbone reprenne sa marche en avant, comme si le mouvement des gilets jaunes n’avait servi à rien.

En effet, Mme Chiroleu Assouline souhaite que la taxe carbone augmente de nouveau, année après année, afin d’imposer des économies d’énergie. Les prémisses sur lesquelles repose son raisonnement se tiennent d’un point de vue libéral. En effet, pour limiter la consommation d’un produit, il suffit d'augmenter son prix par des taxes et la main invisible du marché fera son travail.

Cependant, cette argumentation est monstrueusement injuste : les partisans de la taxe carbone font comme si les classes défavorisées pouvaient diminuer drastiquement leur consommation d’énergie, alors que c’est impossible, qu’ils sont en mode survie, qu’ils habitent toujours plus loin de leur lieu de travail, qu’ils sont locataires de logements qui sont des passoires thermiques et dont le propriétaire n’a pas les moyens de refaire l’isolation, qu’ils sont incapables de sortir les 1.000 euros nécessaires pour acheter une voiture moins polluante.

La taxe carbone n’ayant pas varié d’un iota, elle restera une charge écrasante pour les « pauvres » qui, à conditions familiales égales, payeront le double des bobos écologistes qui les écrasent de leur mépris et leur en veulent pour avoir contrarié la fiscalité verte de M. Macron, leur idole.

Les mesures prises au printemps pour limiter la grogne sociale sont des cache-misère dont l’impact est limité : la prime à la casse n’est doublée que pour les 20 % les moins riches des Français, sachant que 13 % d’entre eux sont sous le seuil de pauvreté ; l’isolation des combles à un euro ne concerne que les propriétaires occupants touchant à peine le SMIC.

En fait, la taxe verte ne serait admissible que si les aides étaient réellement attractives, si la prime à la casse était de 6.000 € pour 75 % des Français, si tous les bailleurs voyaient leurs travaux d’isolation remboursés à 90 %, et surtout qu’une fois déduit le coût de ces mesures (une dizaine de milliards d’euros), on baisse les impôts payés par les classes défavorisées (CSG, TVA) d’un montant égal à celui que la taxe verte rapportera au Trésor public.

Mais nous n’en sommes absolument pas là : les partisans de la taxe carbone ressassent toujours les mêmes arguments éculés : le pouvoir doit se montrer pédagogue, comme si les Français étaient bornés et stupides alors qu’en fait, c’est le gouvernement qui n’a toujours pas compris, malgré un hiver d’émeute, ce que les masses veulent lui dire sur le nécessaire rééquilibrage de la fiscalité verte avant sa nouvelle expansion.

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Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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