Menaces et intimidations (à peine) voilées
Pourquoi se gêner ? La semaine dernière, c’est l’ancien porte-parole du CCIF (le fameux Collectif contre l’islamophobie en France) Yasser Louati qui invitait musulmans et non-musulmans vivant dans la circonscription de Julien Odoul à rendre visite à sa permanence. « Je couvre vos frais d’avocat », avait-il précisé. Il aurait dit les frais de transport, pourquoi pas, mais les frais d’avocat ? Pourquoi ? On se demande…
La classe politique aurait dû, d’une seule voix, dénoncer et condamner ces propos. Mais non. Imaginons, un seul instant, un élu (tiens, par exemple, du Rassemblement national) qui aurait « invité » les habitants de telle ou telle circonscription à rendre visite à tel ou tel ministre à sa permanence, à cause de telle ou telle déclaration ou décision. Élu qui aurait eu la maladresse de préciser « Je couvre vos frais d’avocat ». Imaginons, un instant… On aurait dit alors, cet élu appelle, de façon à peine voilée mais de manière assez explicite, à sortir du cadre légal. On aurait parlé de sédition, comme le fit Castaner à propos de Marine Le Pen lors de la manifestation des gilets jaunes du 24 novembre 2018. Elle n'avait pourtant pas déclaré qu'elle couvrirait les frais d'avocat ! Mais, là, dans le cas de M. Louati, pas de tollé, pas d’indignation, pas de saisine du procureur par le préfet, du moins à notre connaissance. Rien, nada. Alors, pourquoi se gêner ?
Du même tonneau, c’est Yassine Bellatar, le supposé humoriste, membre jusqu’au 17 octobre dernier du très fumeux Conseil présidentiel des villes, un machin inventé par Emmanuel Macron, qui conseille à Jean-Michel Blanquer, sur l’antenne de RFI, d’« éviter de mettre les pieds dans le 93 ». Tranquille. Question du journaliste : « Vous voulez dire qu’il est en danger s'il va en Seine-Saint-Denis ? » Bon, comme le dénommé Belattar n’est pas complètement stupide et qu’il a senti le malaise du journaliste, il s’est un peu repris en ajoutant : « Je ne dis pas ça non plus. J’ai déjà assez de problèmes comme ça. » Je ne dis pas ça non plus, mais je l’ai quand même dit ! Les problèmes ? Euphémisme pour parler de ses ennuis judiciaires, puisque l’ancien chouchou d’Emmanuel Macron est mis en examen pour « menaces de mort » et « harcèlement moral ». Il se trouvera bien de grands esprits pour affirmer que Belattar faisait du second degré. Dans une société à cran, pas certain que cela soit du meilleur effet.
Et pourquoi le ministre de l’Éducation nationale ne serait pas bienvenu dans le 93 ? À cause de ses propos sur le voile qu’il n’estime pas « souhaitable » dans la société française. Aujourd’hui, c’est donc un ministre de la République qui n’est pas le bienvenu dans le 93, et ce, pour avoir exprimé son opinion. Une opinion qui n’avait cependant rien d’ébouriffant. « J’aimerais savoir de quel droit, maintenant, il rentre sur des notions de vivre ensemble ? », demande Belattar en parlant de Blanquer. Du droit qu’on a peut-être encore un petit peu le droit d’exprimer un semblant d'opinion dans ce pays, non ?
Julien Odoul, interviewé par Boulevard Voltaire, le 21 octobre, déclarait que les réseaux islamistes jouaient de la victimisation et de la criminalisation de toute critique de l’islam. Il oubliait l’intimidation.
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