Berlin, dix ans avant la chute du mur : j’y étais et voici ce que j’ai vu !
La chute du mur de Berlin a été un fait majeur dont les conséquences ne sont pas encore totalement épuisées et véritablement connues.
J'ai eu la chance professionnelle, en qualité de diplomate, de servir à Berlin comme officier de liaison entre le gouvernement militaire français de Berlin et les autorités allemandes du Sénat de Berlin et les deux arrondissements du secteur français, Wedding et Reinickendorf.
Par « officier de liaison », il faut comprendre celui qui remplit des fonctions politiques ; les Anglo-Saxons parlent de « political officer », mes interlocuteurs allemands étaient déçus lorsque je leur disais que je n'étais pas colonel mais diplomate...
Berlin était alors au cœur des relations entre les deux blocs, chaque « incident » était analysé comme étant le thermomètre des tensions Est-Ouest.
En tant que Français, Berlin ne m'est jamais apparue comme une ville étrangère, à chaque coin de rue, j'ai retrouvé l'Histoire de France, dans ses heures tragiques et ses heures glorieuses.
La langue berlinoise est truffée d'expressions françaises comme le « Bel Étage » ou le rendu de monnaie « 20 Pfennig Retour », héritage des huguenots ; il fut un temps où plus de 20 % de la population de la ville était d'origine française.
La chute du mur avait été marquée de forts signes avant-coureurs qui prouvaient l'unité du peuple allemand, même si le régime de la RDA avait forgé des attitudes et des réflexes sociaux très différents des habitants de la RFA.
Le chancelier Kohl, qui fut l'un des artisans majeurs de la réunification allemande, le reconnut lui-même quelques années plus tard.
En 1980, j'ai accompagné les généraux alliés à l'installation du nouvel évêque catholique de Berlin, Joachim Meisner, à la cathédrale Sainte-Hedwige à Berlin-Mitte, à l'Est. Lorsque les voitures groupées des généraux sont arrivées, la foule (plusieurs milliers de Berlinois) a acclamé très fortement les Alliés et les Vopos ont été totalement débordés.
Le Vatican ayant toujours une vision à long terme ne divisa pas le diocèse de Berlin et maintint son unité.
Le lendemain, à la chancellerie du Sénat à l'Ouest, un haut fonctionnaire me dit avec fierté : « Alors, Monsieur Myard, vous avez vécu un grand moment de la nation allemande ! »
Preuve que les nations sont toujours plus fortes que les idéologies, au-delà des réminiscences « c'était mieux avant ». L'Allemagne a bu le communisme comme le buvard l'encre, comme le dit de Gaulle de la Russie...
Helmut Kohl ne fit qu'une erreur économique : il échangea à parité le mark de l'Est avec celui de l'Ouest, ce qui étrangla l'économie est-allemande qui était le membre caché du marché commun avec une monnaie dévaluée !
Mais sur le plan politique, Helmut Kohl pouvait-il faire autrement ?
Après la réunification, le traité de Paix signé à Moscou le 12 septembre 1990 entre les quatre vainqueurs de 1945 (États-Unis, Russie, Grande-Bretagne, France) et la RFA et la RDA (4 + 2) confirmait la réunification.
L'Allemagne renonce à l'arme nucléaire, elle reconnaît les frontières des deux États allemands, et notamment la frontière Oder-Neisse avec la Pologne, elle devient membre de l'OTAN.
L'OTAN, dont le Président Macron prétend qu'elle est en situation de « mort cérébrale ».
Mais ce jugement n'est pas partagé par les pays de l'ex-bloc soviétique qui placent toujours leur sécurité dans l'Alliance atlantique et ne croient pas dans une utopique défense européenne.
La chancelière Angela Merkel le lui a rappelé assez fermement en qualifiant ses propos de « radicaux », ce qui illustre une fois de plus la dégradation forte des relations entre Paris et Berlin et surtout l'agacement permanent que suscite le Président français toujours prompt à donner des leçons.
À suivre !
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