Livre : Le Grand Procès de l’Histoire de France, de Dimitri Casali
Le climat intellectuel, politique et moral sous lequel nous vivons depuis une trentaine d’années ne cesse quotidiennement de s’épaissir, la plupart des débats versant dans l’hystérisation et le lynchage, sauf à mijoter dans un entre-soi de confort et de convenance.
Dans le domaine historique, tout a vraiment commencé avec la loi du 13 juillet 1990 tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe (dite « loi Gayssot », du nom de son instigateur communiste). Cette loi venait ainsi renforcer le délit de provocation publique à la haine raciale institué par l'article 1er de la loi de 1972 relative à la lutte contre le racisme (dite « loi Pléven »). Elle a été suivie par la loi du 29 janvier 2001 relative à la reconnaissance du génocide arménien de 1915, puis de la loi du 21 mai 2001 (dite « loi Taubira ») tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité. En 2005, une autre loi visant à faire reconnaître le rôle positif de la présence française outre-mer fut également adoptée par le Parlement français.
Or, tous ces textes prenant légalement position sur des événements ou des périodes de l’histoire hexagonale ou mondiale n’ont rien de proprement historique mais ont tout à voir avec un injonctif, univoque et inconditionnel devoir de mémoire. Et l’on notera que cet usage de la mémoire est d’autant plus dangereux qu’il est, par surcroît, éminemment sélectif. D’aucuns s’insurgent contre la complaisance à valeur absolutoire pratiquée à l’égard des crimes communistes, quand d’autres réclament que les massacres perpétrés en 1793 et en 1794 par les Républicains en Vendée, du fait de leur planification avérée, soient officiellement reconnus comme génocide.
Toujours est-il que les pouvoirs publics, à commencer par le législateur – parfois soutenu par des ministres bien plus militants que serviteurs de l’État –, ont suscité un contexte pour le moins explosif sur fond de fragmentations communautaristes de la communauté nationale – dues, pour l’essentiel, à une immigration de masse inconsidérément encouragée.
C’est alors à bon droit que l’historien Dimitri Casali se plonge dans cet épineux dossier de l’instrumentalisation idéologique de l’Histoire pour en instruire, autant à charge qu’à décharge, le grand procès. L’auteur se livre à une critique en règle des grands maux qui font choir notre roman national – bien qu’il lui préfère le terme de « récit », supposément plus « objectif » – : manichéisme, relativisme, confusionnisme, criminalisation, tératologisme, démonologie, moralisme, anachronisme.
Sur ce dernier, et non des moindres, Casali – n’échappant pas à un tropisme universalo-républicain et progressiste pouvant parfois irriter – paraît étonnamment y succomber, écrivant que « l’histoire de France est une belle et grande histoire, celle d’un peuple qui […] a, le premier, dans le monde, proclamé les droits de l’homme et du citoyen en 1789. La “grande Révolution” a façonné et façonne encore l’histoire du monde. » Pardon de dire qu’ici, l’idéalisme confine à l’angélisme…
Sous cette réserve mineure, on applaudira à son dessein de rehausser les grandes figures historiques que des salisseurs stipendiés conchient impunément. Saint Louis fut un personnage hautement complexe loin de l’antisémite notoire qu’on s’obstine, par malveillance, à caricaturer. Charles Martel était un grand personnage dont l’action politique fut décisive. Napoléon ne fut pas le dictateur patenté et odieux esclavagiste que l’on s’acharne à décrire.
Bref, de Voltaire au général Faidherbe en passant par Jeanne d’Arc, Colbert, Pétain, etc., Casali s’emploie à redresser l’Histoire en réhabilitant ses figures les plus emblématiques. L’entreprise est d’autant plus salutaire et nécessaire que les Français nourrissent un « sentiment de culpabilité devenu symptomatique de l’esprit français contemporain ».
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