La France bien seule face au défi sahélien

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Treize de nos soldats viennent de périr au Nord-Mali. Ajoutant ainsi leurs noms à une liste déjà longue. La France, qui est intervenue dans ce pays en 2013 et 2014 (lors de l’opération Serval), a sauvé alors le Mali de l’occupation et de la domination islamiste.

Cette opération militaire fut un succès.

Mais elle avorta au plan politique.

En effet, au lieu de profiter de cette guerre éclair réussie, portée par la faveur des populations maliennes, la France - ex-puissance coloniale et, de ce fait, engagée par une responsabilité morale et politique très forte vis-à-vis de ce pays comme de ses voisins - aurait dû peser de tout son poids pour donner suite aux revendications légitimes des populations « à peau blanche » du nord (Touarègues et Arabes) afin que leur soit consentie l’autonomie si chèrement revendiquée et indispensable, pour endiguer les premiers mouvements de déstabilisation de la région.

Ceux-ci, conséquence directe du renversement brutal du colonel Kadhafi – lequel constituait en lui-même une faute politique très grave aux conséquences hélas bien prévisibles - n’ont pas été contrôlés et maîtrisés.

Le Président Hollande, le « vainqueur de Serval », le « sauveur du Mali », manquant totalement de vision et de courage, n’a pas vu l’opportunité d’ « exploser » littéralement le système politique ancien, en place depuis l’indépendance, obsolète, injuste et corrompu, ni la nécessité de refonder l’organisation politique du pays, de créer en somme un « Mali nouveau », prenant en compte en particulier les réalités ethniques.

Seule la France était alors en mesure de le faire. Et elle ne l’a pas fait, préférant une petite politique sans ambition et sans lendemain consistant à vouloir à tout prix organiser des élections présidentielles précipitées, censées tout régler alors que chacun savait qu’elles ne régleraient rien et maintiendraient ce pays dans le marasme politique qui avait précisément été le terreau de cette guerre. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, rien d’étonnant, aujourd’hui, à ce que le mal ait empiré, que la situation de l’opération Barkhane qui a succédé à l’opération Serval soit délicate, et que le cancer du Nord-Mali se soit répandu dans toute la région, affectant les pays voisins, eux-mêmes également en grande difficulté du fait de leur statut d’États faillis.

Au-delà des grandes déclarations officielles, la France est bien seule face à cette situation plus qu’inquiétante. Et c’est normal, puisque l’Union européenne vacille et qu’aucun de ses États membres n’a vraiment envie d’y aller, puisque le G5 Sahel est une coquille vide, que les armées locales sont dépassées et que les États locaux le sont tout autant.

Alors que faire ? Partir brutalement n’aurait aucun sens après tous ces sacrifices. Ce serait, à l’évidence, faire le jeu des islamistes. Mais en même temps, que faire, concrètement ? Il me semble que le facteur politique devrait être traité en priorité absolue : la France doit exercer une très forte pression sur les gouvernements locaux pour que des décisions radicales visant à changer la gouvernance et l’organisation politique de ces pays soient prises et mises en œuvre.

Simultanément, il faut que nos forces redécouvrent les principes stratégiques et tactiques de la guerre contre-insurrectionnelle, appliqués d’ailleurs par nos troupes avec succès, à une certaine époque, en Afghanistan, comme ils l’avaient été autrefois en Algérie.

Afin de conserver le soutien et la confiance des populations et de casser définitivement les reins aux GAT.

Nos gouvernants français sont-ils seulement capables de prendre et d’assumer ces décisions majeures ?

Si nous ne le faisons pas, alors les sacrifices consentis par les soldats français qui mènent cette guerre seront vains et le prestige et le rayonnement de notre pays en Afrique durement compromis.

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