Livre : L’Armée de papa, de Patrick Monier-Vinard

armée de papa

Le sapin de Noël - pardon, l’arbre de la fête des cadeaux - réserve souvent de belles surprises, loin des artifices de la consommation : des cadeaux rares mais choisis avec attention, sans éclat mais avec goût. Ainsi du livre du colonel Monier-Vinard, consacré, comme son nom l’indique, à l’armée d’avant (sans autre précision), livre extraordinaire que l’auteur de ces lignes a eu la joie de trouver au pied de l’arbre à cadeaux des fêtes-de-fin-d’année (FFA), ainsi qu’il est désormais convenu de le dire.

« L’armée de papa », c’est une expression consacrée dans le monde militaire pour désigner, avec un mélange de condescendance, de respect filial et de nostalgie, ce qui avait cours autrefois dans les forces armées françaises. Patrick Monier-Vinard, saint-cyrien et ancien para, connaît son armée par cœur ; il a compilé dans cet ouvrage monumental des siècles de campagnes, d’anecdotes, de citations. Il a tout classé en chapitres thématiques et, servi par une écriture impeccable (qui n’est d'ailleurs pas sans évoquer un certain « style de papa » !), il propose au lecteur un voyage dans le temps afin que le souvenir du patrimoine militaire ne s’efface pas avec la fin de la conscription.

Les morceaux de bravoure retrouvés par l’auteur sont trop nombreux pour être cités ici, mais on passera, en lisant L’Armée de papa. La drôle d'histoire du soldat français, de l’éclat de rire à l’émotion. Éclat de rire que provoque un mot de Courteline, un trait d’éloquence militaire ou une note de service portant sur les changements de tenue ou l’optimisation des temps de visite au bordel. Émotion au récit de la mort d’un soldat de treize ans, qui s’éteignit avec le drapeau de son régiment à la main, ou à celui de l’engagement d’un soldat plus qu’octogénaire, plusieurs fois décoré, qui rejoignait les rangs pour laver la honte de la désertion de son fils. On voit passer des figures connues, d’autres anonymes ; on entend le fracas de batailles familières et d’escarmouches dont le nom s’est perdu. On voyage, en tous les cas.

Si vous aimez l’Histoire de France, le bel esprit, l’héroïsme, et surtout ce savant mélange de gravité administrative, de sublime bêtise, de courage gratuit et d’insouciance enfantine qui est la marque de l’éternel soldat français, jetez-vous sur ce livre, dont l’épaisseur ne doit pas vous effrayer. Comme tout bon ouvrage de référence, vous pourrez l’ouvrir à n’importe quelle page pour oublier un instant l’indécrottable laideur de la vie civile…

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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