PMA pour toutes : est-ce à la société de payer pour des choix de vie non assumés ?
Ce mardi 21 janvier, le projet de révision de la loi bioéthique entre en débat au Sénat, raison pour laquelle quelque 46.000 personnes (selon la police) opposées à l’extension de la PMA ont défilé, dimanche, dans les rues de Paris.
L’autorisation et la prise en charge par la collectivité de la procréation médicalement assistée aux femmes seules et aux couples de lesbiennes est, en effet, le point central sur lequel se focalisent les oppositions.
Le remboursement intégral de la PMA pour les femmes seules et les couples de lesbiennes est, en effet, l’une des mesures phares de cette réforme, promise par le gouvernement, mesure approuvée en première lecture par l’Assemblée nationale. Or, le Sénat, s’il s’accorde pour autoriser la PMA à toutes les femmes, souhaite en revanche que son remboursement soit réservé aux demandes « fondées sur un critère médical, d'infertilité ou de prévention de transmission d'une maladie grave ».
On se demande, d’ailleurs, pourquoi il en serait autrement puisque, rappelons-le, la PMA est aujourd’hui réservée aux couples hétérosexuels quand « le couple ou l'un des membres présente une stérilité (ou infertilité) pathologique médicalement constatée (bilan d'infertilité) ». Rappelons également que ce bouleversement « sociétal » est justifié par ceux qui le mènent au nom de la sacro-sainte égalité.
Cette question du remboursement était donc au cœur de l’interview, par Alba Ventura, du Pr Jean-François Delfraissy, président du Comité consultatif national d'éthique, mardi matin, sur RTL : « Les sénateurs pensent qu’on rembourse ce qui se soigne, pas ce qui relève du confort. Comprenez-vous ce positionnement ? », demande la journaliste. Si le Comité d’éthique avait « laissé la porte ouverte », dit le professeur, il était globalement favorable à un remboursement, « parce que ne pas rembourser, c’est créer aussi une certaine forme d’iniquité » dit-il. Il faut tenir compte de l’esprit français, alors « à partir du moment où l’on accepte et où l’on va vers une ouverture plus globale de la PMA pour les femmes seules et les couples de femmes, il est assez logique de ne pas avoir uniquement cette disposition pour les plus riches ». La journaliste enfonce le clou : « Donc, il ne faut pas dire que, dans un cas, on soigne une infertilité et, dans l’autre cas, on compense une impossibilité. D’un point de vue éthique, il ne vous paraît pas possible de le dire ? »
La réponse est à méditer car elle dit tout de ce qui mine notre société, la délite, la dilue.
Il faut « le dire autrement », répond le Pr Delfraissy : « Est-ce que la médecine est faite uniquement pour soigner, ou est-ce qu’elle est faite également pour, à partir d’aspects techniques, apporter finalement des réponses à des demandes qui ne sont pas d’ordre strictement médical ? »
À comprendre : la société doit-elle prendre en charge les maux de l’âme qu’engendrent des choix de vie non assumés dans leurs conséquences ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit.
Pour lui, c’est oui : « À partir du moment où il y a souffrance – et on peut imaginer que c’est le cas pour un certain nombre de femmes seules et de couples de femmes –, au nom de quel grand principe éthique refuserait-on à ces femmes d’avoir accès à un certain nombre de techniques biomédicales ? », dit-il.
Si vous ne parvenez pas à vous débrouiller avec l’éthique, docteur, si trancher au nom du bon sens vous est impossible à assumer, alors faites-le au nom de l’argent ! Demandez-vous où s’arrête votre définition de l’iniquité. Demandez-vous, par exemple, si, dans un temps où l’on « dérembourse » tant de médicaments sous prétexte qu’ils ne sont que de confort, on peut demander aux citoyens de prendre en charge « le désir d’enfant » qui, à l’heure actuelle, ne figure pas (encore) dans les pathologies graves.
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