Le Macron américain est né : un certain Pete Buttigieg
Le 21 avril 2019, nous avions fait allusion au fait que Joe Biden n’était pas le bienvenu dans la cuisine des primaires démocrates, car le clan Obama investissait discrètement sur la candidature Buttigieg. Le résultat de la primaire du New Hampshire confirme l’existence d’une « valeur sûre », Bernie Sanders, et l’émergence d’un hologramme politique, Pete Buttigieg, le nouveau Macron.
Nous disions, il y a dix mois : « Obama, s’il ne soutient personne, a “prêté” ses anciens états-majors de campagne à un illustre inconnu, ancien maire d’une petite ville de l’Indiana, qui, comme Obama avant, pourrait créer la surprise. Pete Buttigieg a, certes, l’inconvénient d’être mâle et blanc, mais ses atouts sont là : diplômé de Harvard et d’Oxford, il a servi dans les services de renseignement de la marine sous le grade de lieutenant. Il est censé être polyglotte (anglais, espagnol, italien, maltais, arabe, farsi et français). Officiellement pro-business et s’exprimant (comme Obama) de façon très structurée et modérée pour avancer des idées mondialistes radicales, il vit en couple homosexuel (NDLR : il s’est marié en 2018) et semble prendre pour cible les chrétiens évangélistes (NDLR : il se présente comme un chrétien fervent et tolérant, citant les écritures larga manu). »
Buttigieg a l’appui de Wall Street (il a travaillé chez McKinsey), se présente comme un « modéré » provincial et anti-Washington, insiste sur le côté « générationnel » de cette élection, par-delà la gauche et la droite. Il offre, dit-il, une 3e voie « entre statu quo et révolution ».
Biden a pu perturber le plan Obama, « volant » pendant un temps l’électorat putatif de Buttigieg. Mais la vraie-fausse procédure d’impeachment contre Trump, hypocritement lancée pour punir Trump d’avoir voulu faire du mal à Biden, a usé la candidature de ce dernier. Ses incompétences ont fait le reste.
La phase de prémarketing va se terminer avec les votes du Nevada (important vote hispanique) et de la Caroline du Sud (important vote afro-américain) les 20 et 29 février. Ensuite, avec l’entrée dans la course de Bloomberg, surviendra le Super Tuesday (3 mars) avec le vote, en un seul jour, de 15 États, la Californie incluse. Pour franchir ce cap, il faudra être « authentique » auprès de publics diversifiés, passer pour un tombeur de Trump crédible, disposer d’une organisation massive et de sommes d’argent considérables.
Aujourd’hui, seuls Sanders et Bloomberg ont l’argent et l’organisation couvrant tout le territoire des États-Unis. Il devient donc urgent, pour le cartel politique de Washington, de se mettre rapidement d’accord sur un champion capable de battre deux candidats impressionnants : Sanders et Trump. Après le Super Tuesday, ce sera trop tard.
Sanders inquiète, car il risque d’être irrattrapable. Contrairement à 2016, ce dernier commence désormais à séduire les minorités ethniques, tandis que Buttigieg et les autres candidats auront des difficultés avec ces groupes.
En conclusion, sauf performance miracle avec les minorités, Biden est cuit, tandis que Sanders dispose de toute la puissance de feu nécessaire pour gagner la nomination, ce qui va forcer Bloomberg, avec son budget de deux milliards, à se choisir lui-même ou à fabriquer un Macron américain (Buttigieg) ou, encore, à offrir l’élection à une star qui créerait une surprise de dernière minute à la convention démocrate. Et vite !
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