Sport : après les violences sexuelles, la radicalisation…

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Après les enquêtes sur les violences sexuelles dans le sport, ici commentées, les langues se délieraient-elles au sujet de la radicalisation islamique ? L’Équipe publiait, samedi, une longue enquête de douze pages à ce sujet, intitulée « Radicalisation dans le sport : le lent réveil des institutions ».

Contrairement au phénomène apporté par la libération sexuelle post-soixante-huitarde, il ne s’agit pas, cette fois, de chercher les connivences des cadres des fédérations. Il ne s’agit pas plus d’analyser le regard et le pouvoir des entraîneurs masculins sur les adolescentes et les enfants. Mais il est heureux que les dérives des pratiques sportives soient révélées au grand jour.

Ce que tous les journalistes sportifs savaient depuis longtemps mais qui n’était jamais dit, hormis par Daniel Riolo dans Racaille Football Club, en 2013 (un livre sur les dessous du football français qui concernait l’élite du sport français), se voit ici porté au grand jour dans ses effets jusqu’au sein des petits clubs municipaux. Et c’est là l’essentiel intérêt. Certains documents sont alarmants, nous dit L’Équipe : « Il faut avoir des œillères pour ne pas voir que petit à petit des pans entiers du règlement ne sont pas respectés » - cf. l’affaire qui eut lieu au sein d’un CREPS, où un futur moniteur de judo refusait de saluer le tatami et ses adversaires.

Par ailleurs, L’Équipe indique clairement que le processus d’instrumentalisation des clubs sportifs pour aboutir au séparatisme et à la radicalisation à visées terroristes se trouve être la norme acceptée par bien des mairies. « Tous les sports sont potentiellement concernés. Les jeunes sont les premiers visés par les extrémistes qui “recrutent” dans les clubs sportifs », nous dit le quotidien sportif.

Quelques exemples :

À Trèbes, le terroriste fréquentait le club de sport du colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame. Ailleurs, on voit aisément les signes d’un islam radical sinon ou « et donc ! » d’une radicalisation des personnes qui se rendent au club Attitude 78 à Mantes vêtus de djellabas.

Olivier de Mazières, préfet de police des Bouches-du-Rhône, insiste sur la nécessité de surveiller le monde du sport, qui a tardé à prendre la mesure du danger nourri en son sein : « La pratique sportive est ce qu’on appelle un risque “aggravant” de la menace terroriste [...] Des clubs sont communautarisés et les dirigeants s’en foutent [...] Un président m’a dit : “C’est quoi, le plus important ? Avoir un type radicalisé qui va faire du prosélytisme dans votre club ou gagner une coupe ?” [...] Moi, je dis aux fédérations : “Ne soyez pas dans le déni.” Car certaines le sont. »

Comme 24 terroristes des 20 derniers attentats en France, Moussa Coulibaly s’était signalé, dès 2013, par son attitude envers les femmes pendant qu’il fréquentait le Club Moving, à Mantes-la-Jolie.

Dans la seule région parisienne, 828 sportifs sont surveillés pour radicalisation, annonce l’UCLAT. Au Val Fourré, les maires LR actuel et ancien déclinent de répondre aux journalistes. Proximité des élections oblige… À Sarreguemines fut repéré Saïd Itaev, un lutteur, jouant le rôle de recruteur pour Daech. Etc. Les exemples sont innombrables. Y compris ceux ayant trait à la ségrégation religieuse pour être admis dans un club (cf. le club Barbe d’or, à Roubaix).

Et si le ministre des Sports organisait un séminaire sur ce thème ce mois-ci, c’est après avoir refusé de recevoir les députés Éric Diard (LR) et Éric Poulliat (LREM), coauteurs d’un rapport sur la radicalisation islamiste dans les institutions (juin 2019). Bref, tous les sports sont touchés : « La radicalisation, c’est une réalité qui ne touche pas que les sports de combat mais le sport en général », tonne le big boss de la MMA Factory à Paris.

La prise de conscience atteint-elle le plus haut niveau de l’État ? On peut en douter après que Macron n’a dit mot de cela à Mulhouse et qu’il a, de plus, annoncé de larges augmentations du budget des associations sportives dans les quartiers dits de reconquête républicaine.

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Bertrand du Boullay
Ingénieur à la retraite

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