Avec Marlène Schiappa, pour les femmes, c’est tout comme avant !

Il paraît qu'après l'épidémie, rien ne sera plus jamais comme avant. On aimerait le croire, surtout pour les femmes... Marlène Schiappa aurait pu nous laisser un peu d'espoir lorsqu'elle dit craindre « l'épuisement silencieux » des femmes pendant ce confinement. On a cru qu'elle commençait à comprendre. Que le rôle de la femme dans son foyer n'est pas si inutile. Qu'il est respectable. Qu'à défaut d'être rémunérateur, il est incontournable. Mais c'est peine perdue.

Ces jours-ci, ça crève les yeux, pourtant : les femmes qui ont charge de famille assurent le confinement. Elles logent, nourrissent, soignent, blanchissent et instruisent sans relâche. Parce que l'État a failli : dans sa préparation à l'épidémie, dans son organisation et dans ses décisions.

Pour Marlène Schiappa, tout ceci n'a aucun rapport avec les difficultés des femmes : la période est difficile à vivre lorsqu'on est en charge de famille parce que les hommes sont des nuls ! C'est le sondage Harris qui le dit : « 58 % des femmes estiment passer plus de temps que leur conjoint à assumer l'ensemble des charges domestiques en cette période critique. »

Bien sûr, tous les hommes ne sont pas empressés à rendre service à leurs épouses, bien sûr, tous ne sont pas très « fair-play », mais est-ce bien le rôle d'une secrétaire d'État de se mêler de l'organisation des foyers français ? Et pourquoi donc toujours accuser les hommes d'être responsables des malheurs des femmes ? Quand donc les féministes régleront-elles définitivement leurs comptes ? Faut-il leur rappeler que maris et compagnons ne sont, sur ce coup-là, pas franchement uniques responsables du surcroît de travail des femmes dans leur foyer ?

Plutôt que de désigner l'éternel ennemi, on aurait tant aimé profiter de l'occasion pour que les femmes retrouvent ne serait-ce qu'un tout petit peu de la considération pour les tâches qui répugnent tant à Marlène Schiappa mais qu'elles assument bien courageusement. Lundi soir, Emmanuel Macron tenait à féliciter les Français et tous les héros du quotidien pour leur comportement exemplaire. Il n'a pas une seule fois prononcé le mot « mère » ou « famille ». Dont acte.

Bien sûr, compliqué, pour nos « élites », de valoriser ce qu'ils ont toujours méprisé, ce vieux métier de mère de famille. Peu fait pour les bourgeoises éduquées qui préfèrent se réaliser pleinement dans des jobs bien rémunérés, laissant aux autres le soin d'élever leur marmaille. Et ce monde est ainsi fait que ce sont celles qui ont les moyens de se payer une nounou qui décident pour celles, plus modestes, qui, peut-être, auraient aimé profiter de leurs enfants au lieu de s'échiner à gagner un salaire minimum à l'usine ou derrière une caisse de supermarché.

Certaines de ces femmes en première ligne se répandent sur la Toile avec des mots bien justes : « J’espère quand même qu’avec le confinement les gens auront pris conscience, au moins un peu, que les mères au foyer ne se tournent pas les pouces durant leurs journées. Parce que dans l’imaginaire collectif on ne peut pas dire qu’elles aient bonne presse… J’espère sincèrement que la société après tout ça posera enfin un regard bienveillant sur elles/nous/moi. »

Juste un regard bienveillant, c'est trop demander ?

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Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

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