Emmanuel Macron saute sur tout ce qui bouge : Zemmour, de Villiers, Raoult et… Bigard

Capture d'écran
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Qu'en dirait un psy ? Je n'en sais rien. Complexe ? Narcissisme ? Cette propension à coller à des figures antithétiques de ce qu'il est et de ce qu'il promeut ?

Qu'en disent les politologues ? Là, j'en sais un peu plus, car la voix autorisée du Monde a chuchoté la bonne réponse à l'oreille de toute la France bien informée : « Ça fout la trouille ! »

Telle est donc la phrase qui bruisse et rebruisse dans les coins et recoins de la Macronie, et que l'on est prié de commenter. Ça ? L'éventualité frissonnante d'une candidature populiste, d'un « outsider » à l'élection présidentielle de 2022. Le storytelling de la frousse élyséenne avait commencé bien avant la crise du coronavirus. On nous avait balancé Hanouna. Ah, Ah, Hanouna... Et puis cette crise inattendue, qui a donné le coup de grâce à l'idéologie macronienne, a fourni une avalanche de prétendants à cette incarnation : le professeur Raoult, que le Président est allé consulter, Éric Zemmour, à qui il a téléphoné, Philippe de Villiers, qu'il a texté, et, donc, ce week-end, Jean-Marie Bigard, qu'il a appelé, après être passé par Patrick Sébastien - étape capitale du plan d'attaque - pour l'assurer de son soutien dans sa croisade pour la réouverture des bars. Promesse a été faite que la réouverture des bars serait à l'ordre du jour du prochain Conseil de défense. Pour les boîtes de nuit et les sex-shops aussi, les services de l'Élysée sont-ils sur les dents pour guetter plusieurs outsiders populistes à contacter dans les prochains jours ?

Plus sérieusement, les politologues expliquent cette frénésie de philo-populistes chez Emmanuel Macron par sa popularité en berne dans un contexte où la colère, confinée, mais décuplée par la gestion calamiteuse de la crise, va chercher à s'exprimer dans les mois à venir. « Il sent la marmite qui bout, tente de reconquérir ces gens-là, même en transgressant », commente Jérôme Fourquet, cité par Le Monde. Et Jérôme Sainte-Marie explique les démarches d'Emmanuel Macron par son souci de « capter la popularité » de ces « porte-parole de la contestation ». Sa façon de se réinventer. Soit. Il s'agirait d'annexer ces figures pour mieux les amadouer ou les neutraliser.

Les neutraliser ou les encourager ? Car on peut aussi suggérer d'autres interprétations : multiplier les sujets de diversion en favorisant le lancement de plusieurs candidatures de ce type, histoire de diviser la vague populiste. Et cela, tout en continuant un « en même temps » de haut vol, avec des candidatures type Coluche (Hanouna, Bigard) et des candidatures plus crédibles politiquement, comme celles d'un François Ruffin à gauche ou d'un Philippe de Villiers à droite. Des candidatures qui n'ont aucune chance de victoire dans l'état politique actuel, mais qui, en grappillant quelques pourcentages ici ou là, en feraient trébucher d'autres et permettraient à un Emmanuel Macron pourtant très impopulaire de rester le Président de cet « archipel français » décrit par Jérôme Fourquet, au terme d'une élection qu'il aurait soigneusement « archipellisée ».

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 29/05/2020 à 17:26.
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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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