Racisme en France : les navrantes confusions de Virginie Despentes 

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Présente au rassemblement parisien du 24 mai dernier pour dénoncer les violences policières en France, et notamment dans le cas de l’affaire Adama Troaré, le célèbre auteur de l’œuvre Baise-moi s’est ensuite exprimée dans une lettre publique lue par Augustin Trapenard sur les ondes de France Inter. Et le résultat espéré ne se fit pas attendre, véritable sujet de polémique sur la Toile.

On ne peut reprocher à Virginie Despentes son intérêt pour la lutte contre les discriminations, sujet noble et plus que jamais d’actualité. Non, ce qui fait défaut chez cette dernière, c’est la méthode et la teneur des arguments invoqués. Un enjeu de taille quand on veut plaider une telle cause.

L’apostrophe à « ses amis blancs qui ne voient pas où est le problème » est un problème en soi. La nation française du XXIe siècle est bien plus nuancée, tant le métissage des communautés est une réalité sociologique. Réduire cette frange de la population dite blanche à une masse indivisible en opposition à toutes autres populations de couleur, métissées ou encore typées, relève du stéréotype simpliste. Un propos bien caricatural.

Vient ensuite l’énumération de ses expériences individuelles, celles où Virginie est la Blanche, écœurée et tout autant compatissante, car témoin de nombreuses discriminations vécues par ses proches issu(e)s des minorités ethniques. Une histoire individuelle, aussi tragique soit-elle, n’est en rien un fait sociétal avéré. Je pourrais citer le cas de nombreuses femmes victimes de propos sexistes de la part d’hommes issus des minorités ethniques et conclure maladroitement que tous les hommes dits de couleur, typés (etc.) n’ont pas de considérations pour la condition féminine. Ce serait un strict raccourci intellectuel. C’est pourtant ce type d’argument que nous sert Virginie Despentes.

Et le célèbre écrivain ne nous épargne pas sur l’histoire des figures célèbres issues de la diversité, trop peu de ministres arabes, encore moins de journalistes noirs, etc. C’est considérer la situation de façon naïve. S’indigne-t-elle de la faible représentation de Blancs dans l’équipe de France de football ? Non. Pourtant, une grande proportion de nos meilleurs joueurs de football sont d’origine africaine ou maghrébine. Mais cela ne signifie pas nécessairement que les joueurs blancs soient discriminés dans ce sport. Il suffirait, par ailleurs, d’observer la variété de joueurs dans le football amateur.

De même, considérer la part d’individus issus de la diversité dans les plus hautes sphères politiques ne rend pas compte nécessairement du racisme en France. Virginie Despentes oublie tous les élus locaux issus de la diversité et qui s’engagent, au quotidien, pour le pays sans chercher gloire. Des conseillers municipaux aux conseillers régionaux, bon nombre d’hommes et de femmes de toutes origines œuvrent pour la démocratie. Sont-ils devenus, pour autant, les « amis blancs » de Virginie Despentes ?

Finalement, Mme Despentes se trompe de cible. Le racisme le plus incarné, c’est bien celui que l’on retrouve dans les élites intellectuelles. Il s’agit de cette part de figures médiatiques – plus ou moins célèbres – éprises d’un sentiment de culpabilité quand la réalité des masses vient heurter le confort de leurs idéaux.

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Mickaël Kharti
Journaliste indépendant

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